Une famille de réfugiés syriens obtient la suspension de son expulsion par un comité onusien

Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a ordonné la suspension du renvoi vers la Grèce de la famille syrienne G. et a donné un délai de six mois à la Suisse pour répondre aux reproches qui lui ont été adressés avant de rendre une décision finale. L’ODAE romand avait déjà évoqué le cas de cette famille lorsque les camarades d’école des enfants avaient lancé une pétition contre leur renvoi (brève du 28.6.17). Le TAF s’est prononcé sur la situation de cette famille en mars 2018 (arrêts D-2968/2017, D-2989/2017 et D-2990/2017). Il a admis que les réfugiés se trouvant en Grèce étaient soumis à des conditions de vie très précaires, mais a déclaré que la famille G. pourrait s’adresser aux juridictions grecque et internationale pour faire valoir ses droits. Les avocats de la famille et Amnesty International Suisse ont amené le cas devant le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, invoquant la violation de plusieurs articles de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, notamment l’art. 3 qui consacre le principe fondamental de l’intérêt supérieur de l’enfant. Ils ont souligné la bonne intégration de la famille ainsi que la fragilité psychologique du père et des deux plus jeunes enfants. Ils ont affirmé que leur droit à la santé et à l’éducation ne serait plus garanti en cas de renvoi vers la Grèce, où la famille serait d’ailleurs exposée au risque d’exploitation économique et de traitements inhumains et dégradants. Ainsi, suite à cette décision incidente du Comité de l’ONU, les autorités helvétiques ont six mois pour répondre aux reproches de violation de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant. Le Comité des droits de l’enfant rendra ensuite sa décision finale.

Mise à jour (02.05.2019) : En février 2019, le SEM a annulé sa décision de NEM et de renvoi vers la Grèce, rouvrant la procédure d’asile de cette famille qui verra enfin sa demande d’asile traitée par la Suisse. Cette décision clôt la procédure ouverte auprès du Comité des droits de l’enfant de l’ONU. (communiqué d’Amnesty International, office régional de Lugano – non publié)

Sources : communiqué de presse Amnesty International Suisse du 11.6.18 ; arrêts D-2968/2017, D-2989/2017 et D-2990/2017 du 29 mars 2018 ; brève du 28.06.2017

Cas relatifs

Cas individuel — 14/04/2025

«Mes enfants sont terrorisés. Je ne sais plus quoi faire ni comment arrêter ce calvaire.»

Léonie*, ressortissante Burundaise, est victime de persécutions dans son pays. En juin 2022, elle demande l’asile en Suisse avec ses trois enfants. Leur demande est rejetée en 2023 par le SEM puis par le TAF. La famille subit alors un véritable harcèlement policier: alors que Léonie* est hospitalisée en psychiatrie, son fils est arrêté à leur domicile pour être détenu à l’aéroport puis relâché. Sa fille aînée est également arrêtée à deux reprises, emmenée à l’aéroport puis relâchée. Enfin, la fille cadette se retrouve hospitalisée en psychiatrie, dans un état de choc, après que des agents ont essayé de l’arrêter au cabinet de sa psychologue. Malgré ces arrestations à répétition, Léonie* et ses enfants demandent le réexamen de leur décision d’asile, en raison d’éléments nouveaux survenus au Burundi et de l’état de santé de Léonie* qui se dégrade. Le SEM suspend l’exécution du renvoi de cette dernière, mais refuse de réexaminer la demande des enfants, désormais tous trois majeurs.
Cas individuel — 14/03/2025

Refus de reconnaissance d’une minorité et renvoi Dublin: le TAF dénonce la pratique des autorités suisses

Kamal*, né en 2007 en Afghanistan, arrive en tant que mineur non accompagné en Suisse, où sa sœur aînée est réfugiée. Il dépose une demande d’asile en septembre 2023, mais le SEM réfute sa date de naissance, le considère comme majeur et prononce à son encontre un renvoi Dublin vers la Croatie. Appuyé par une mandataire, Kamal* dépose un recours auprès du TAF contre cette décision. Il fait notamment valoir que le SEM aurait violé son droit d’être entendu en n’examinant pas l’authenticité de sa tazkira, sa carte d’identité afghane, et qu’il n’aurait pas effectué de recherche pour savoir comment les autorités croates et bulgares ont fixé son âge ni tenu compte de ses déclarations. Dans son arrêt, le TAF reconnait que le SEM aurait dû entreprendre davantage d’investigations et aurait dû pratiquer une expertise médico-légale. Le TAF admet donc le recours et renvoie l’affaire au SEM pour une nouvelle décision.
Cas individuel — 02/03/2023

À sa sortie de l’hôpital, elle est renvoyée avec ses enfants par vol spécial en Croatie

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Déboutée de l’asile, une famille se bat pour rester unie et ne pas être renvoyée

Arrivé en 2016 en Suisse, Yemane*, originaire d’Éthiopie, reçoit une décision de renvoi en novembre 2018. Asmarina*, originaire d’Érythrée, a vécu cinq ans en Grèce avec sa fille aînée, dans des conditions très précaires et sans accès à des soins pour son enfant, en situation de handicap physique. À cause de ces conditions invivables, elle est contrainte de quitter la Grèce et demande l’asile en Suisse. Ayant obtenu l’asile en Grèce, elle reçoit une décision de NEM de la part du SEM qui prononce son renvoi en novembre 2017. Asmarina* et Yemane* se rencontrent en Suisse et ont une fille en 2019. Au vu des différentes situations, la famille doit se battre pour ne pas être séparée entre plusieurs pays.