Témoignage d’une visite au centre fédéral de Chevrilles

Le 18 juillet 2018, Aldo Brina, chargé d’information sur l’asile du Centre Social Protestant (CSP) à Genève, s’est rendu au centre fédéral de Chevrilles, également appelé Giffers ou Gouglera. Ce centre a pour fonction d’héberger des requérant·e·s d’asile en attente d’une décision de renvoi ou de l’exécution d’un renvoi (NEM Dublin pour la plupart). Il pourra héberger jusqu’à 250 personnes. M. Brina relève le caractère isolé et très sécurisé du centre (nombreux agents de sécurité, grillages surmontés de fils barbelés, caméras de surveillance, fouille des résident·e·s à chaque entrée). Les personnes qui y vivent ne peuvent en sortir en dehors des heures prévues par l’ordonnance régissant la vie dans les centres (9h00-17h00). Pour Aldo Brina, il s’agit finalement d’un lieu de prédétention administrative en vue du renvoi, avec un dispositif sécuritaire et une situation géographique qui accentuent l’effet « emprisonnement ». Sur le plan psychologique, la situation administrative des personnes, qui attendent l’exécution d’un renvoi sans savoir quand il aura lieu, rend le climat pesant.

D’après le SEM, deux tiers des personnes affectées à ce centre ont « disparu », passées dans la clandestinité ou sorties du pays. Un tel centre devrait également être construit d’ici 2022 dans le canton de Genève, sur la commune du Grand-Saconnex.

Source : asile.ch, Centre fédéral de Chevrilles – asile et barbelés, 18.09.2018 ; sur les centres fédéraux, voir la brève « Puni, un père ne peut sortir du centre fédéral et manque la naissance de son enfant » du 19.10.2017 et l’onglet Révisions de la LAsi

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