Revue Vivre Ensemble : Témoignages de jeunes Érythréens déboutés de l’asile

Le dernier numéro de la revue Vivre Ensemble approfondit la thématique de la formation des personnes relevant du domaine de l’asile. Notre stagiaire Marine Pernet y relate les témoignages de plusieurs jeunes hommes érythréens déboutés de l’asile qui se retrouvent dans une situation kafkaïenne : ils vivent en Suisse, mais sont interdits de séjour, privés d’aide sociale, de mesure d’intégration, du droit de travailler ou de se former. On retrouve le témoignage de « Mebrathom », arrivé en 2015 à 25 ans, qui a accompli de nombreux efforts d’intégration : en quatre ans, il a appris le français, a trouvé un travail, un logement, et est devenu indépendant financièrement. Cependant, il reçoit une décision de renvoi et son patron se voit obligé de le licencier. Il se livre : « Il y a deux injustices. La première, c’est qu’on ne me donne pas l’asile, alors que je suis un réfugié, comme tous les Érythréens. Mais la deuxième est pire encore : on ne me laisse pas travailler en Suisse, ni partir dans un autre pays d’Europe. Alors je suis bloqué ici à ne rien faire (…) ».

L’article, signé par l’ODAE romand, a été écrit dans le cadre de l’actualisation du rapport Durcissement à l’encontre des Érythréen∙ne∙s : une communauté sous pression.

Source : Marine Pernet, « Stoppés en plein envol », Vivre Ensemble, VE 176, février 2020.

Cas relatifs

Cas individuel — 12/11/2020

Transformation de F en B : procédure bloquée à cause d’un passeport manquant

Abdela* est né en Éthiopie de parents érythréen·ne·s. Après avoir obtenu une admission provisoire, il dépose une demande de transformation de son permis F en permis B devant le Service de la population (SPOP) du canton de Vaud. Pour accéder à sa requête, le SPOP exige qu’Abdela* présente un passeport. Pourtant, son identité et sa nationalité érythréenne ont été confirmées dans un jugement du TAF et ni la loi ni les directives du SEM ne posent cette exigence.
Cas individuel — 27/02/2020

Levée d’admission provisoire d’un Érythréen de 21 ans : une mesure disproportionnée ?

À 21 ans, « Kidane » se voit retirer son permis F. Son mandataire juridique invoque une violation du principe de la proportionnalité (art. 5 al. 2 Cst), mais le SEM comme le TAF refusent d’examiner la décision sous cet angle.
Cas individuel — 19/09/2018

Le SEM met en doute le récit et prononce le renvoi d’un Érythréen de 19 ans

Arrivé comme MNA, « Bereket » est entendu sur ses motifs d’asile deux ans après avoir déposé sa demande. Pour le SEM, ses propos manquent de détails et de consistance. Le SEM qualifie son récit d’invraisemblable, lui refuse l’asile et prononce son renvoi vers l’Erythrée.
Cas individuel — 24/08/2009

Déserteurs érythréens: réfugiés un jour, indésirables le lendemain

Mobilisée de force dans l’armée érythréenne, « Lidi » subit de graves sévices et finit par s’enfuir en Suisse. Mais l’ODM ordonne son renvoi. Après une jurisprudence de principe favorable aux déserteurs érythréens, l’ODM se ravise et lui accorde l’asile. Mais à l’avenir, le DFJP propose de modifier la loi afin d’exclure les déserteurs de la qualité de réfugié.