L’ODAE suisse publie un rapport sur l’intérêt supérieur de l’enfant dans les procédures d’asile et de droit des étrangers

Les enfants et les jeunes exilé·e·s nécessitent une protection particulière, c’est pourquoi la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant (CDE) oblige les États à prendre en considération l’intérêt supérieur de l’enfant dans toutes leurs décisions. Dans son nouveau rapport intitulé Négligence de l’intérêt supérieur de l’enfant – Personnes mineures dans les procédures de droit d’asile et des étrangers l’Observatoire suisse du droit d’asile et des étrangers (ODAE suisse) montre que les autorités suisses n’observent pas systématiquement l’intérêt supérieur de l’enfant.

Sur la base de cas individuels concrets, ce rapport dresse plusieurs constats. Il montre en premier lieu une insuffisance de la protection du droit à la vie familiale, et notamment le fait que pour les enfants, la possibilité de faire venir en Suisse leurs parents étrangers·ères est soit inexistante, soit appliquée de manière très restrictive, selon le statut des enfants. Il dénonce également les conséquences pour les enfants des renvois de familles : rupture des liens, déracinement, ou encore interruption de la scolarité. Concernant le droit d’asile, le rapport montre que les procédures sont souvent inadaptées et que la situation au pays d’origine des enfants et des jeunes est examinée de manière incomplète, menant ainsi à des renvois problématiques. Enfin, l’ODAE suisse s’inquiète du placement à l’aide d’urgence des personnes mineures.

En conclusion, l’ODAE suisse rappelle que la CDE doit s’appliquer à toutes les personnes mineures, indépendamment de leur statut ou leur origine. Il demande à ce que les enfants et les jeunes soient traité·e·s comme tel·le·s, avant d’être traité·e·s comme étranger·ère ou requérant·e d’asile.

En 2016, lors de la publication de son rapport d’observation 2015-2016, l’ODAE romand dressait le même constat: « La Suisse n’est pas bonne élève en ce qui concerne le respect des droits de l’enfant ». Une préoccupation qui reste donc d’actualité.

Sources : ODAE suisse, Négligence de l’intérêt supérieur de l’enfant – Personnes mineures dans les procédures de droit d’asile et des étrangers, rapport, novembre 2020 ; ODAE suisse, « Négligence de l’intérêt supérieur de l’enfant – nouveau rapport », communiqué du 24.11.2020.

.

Cas relatifs

Cas individuel — 24/04/2025

Séparation d’une famille: les autorités suisses octroient un permis B aux enfants mais renvoient les parents

Isak*, Katrina*, et leurs trois enfants, une famille rrom fuyant des persécutions en Serbie, arrivent en Suisse en novembre 2011 pour y demander l’asile. Les enfants ont alors respectivement 13 (Lorena*), 11 (Sonja*) et 7 ans (Danilo*). En juin 2012, le SEM (alors ODM) rejette leur demande d’asile et ordonne leur renvoi. Cinq ans plus tard, en novembre 2017, le SEM approuve la régularisation du séjour des deux sœurs ainées, dont une est encore mineure. En février 2018, l’autorité confirme le renvoi des parents et du frère cadet. Ce dernier sera finalement régularisé à son tour en 2022, à sa majorité. En 2023, la troisième demande de régularisation des parents, déposée notamment sur la base de l’unité familiale (les trois enfants possédant des permis B), est classée sans suite.
Cas individuel — 08/02/2017

Décision d’expulser une victime de violences conjugales et sa fille titulaire d’un permis C

Le SEM nie l’intensité et la systématique des violences conjugales subies par « Elira » en remettant sa parole en cause et en donnant un poids prépondérant aux dires du mari. L’autorité décide de la renvoyer avec sa fille de 3 ans, titulaire d’un permis C, faisant fi du droit de la fillette à vivre auprès de ses deux parents.
Cas individuel — 01/12/2016

Deux enfants livrés à eux-mêmes ne peuvent rester avec leur père en Suisse

« Blerim » et « Agnija » sont remis par leur mère à leurs grands-parents paternels qui ne peuvent s’en occuper vu leur âge et leur état de santé. Leur père, titulaire d’un permis C, les fait venir en Suisse, mais sa demande de regroupement familial en leur faveur est refusée.
Cas individuel — 29/10/2012

Un père de famille est renvoyé malgré les
lourds problèmes de santé de sa fille

La Suisse refuse de renouveler le permis d’« Aboubacar », coupable d’une infraction à la LStup en 2006, malgré l'importance de sa présence pour sa famille et notamment sa fille, née grande prématurée, qui a besoin de soins assidus. Une requête a été introduite à la CourEDH.