L’Observatoire suisse publie un rapport sur la situation des femmes et des filles réfugiées

Le nouveau rapport spécialisé de l’Observatoire suisse du droit d’asile et des étrangers s’intitule « Femmes – Fuite – Asile : La situation des femmes et des filles pendant la fuite et la procédure d’asile suisse ». Près de la moitié des plus de 60 millions de personnes se trouvant en fuite dans le monde sont de sexe féminin. Ce rapport relate les obstacles auxquels les femmes et les filles sont confrontées pendant leur fuite, puis lors de leur procédure d’asile en Suisse. L’Observatoire suisse déplore que la situation spécifique des femmes ne soit que peu prise en compte par les autorités migratoires et qu’il en résulte fréquemment des décisions négatives sur leurs demandes d’asile. En ce qui concerne les motifs d’asile, l’autorité remettrait en cause la crédibilité des dires des requérantes : les motifs de fuite spécifiquement associés aux femmes (comme les mutilations génitales féminines) seraient trop souvent catalogués comme étant des problèmes privés et les autorités reprochent régulièrement aux femmes de ne pas s’être adressées aux autorités locales pour obtenir une protection. Ce rapport pointe également du doigt les conditions d’hébergement et d’accueil des femmes en Suisse qui souffriraient d’un net manque d’intimité, conséquence d’une mixité trop fréquente. L’accessibilité à un encadrement psychologique, voire psychiatrique régulier serait impossible dans les centres fédéraux sauf cas d’urgence (lors d’une tentative de suicide par exemple).

Les fiches Eden, Amal et Soraya publiées par l’ODAE romand ont été reprises par l’Observatoire suisse dans son rapport. Elles illustrent la question de la prise en compte par les autorités des problématiques spécifiques des femmes réfugiées.

Sources : Rapport « Femmes – Fuite – Asile : La situation des femmes et des filles pendant la fuite et la procédure d’asile suisse » ; Communiqué de presse de l’Observatoire suisse « Des femmes et des filles prennent la fuite parce que leurs droits les plus fondamentaux sont bafoués », 28 novembre 2016 ; Le Courrier (reprise dépêche ATS) « Un rapport dénonce la difficulté des femmes à obtenir l’asile en suisse », 28 novembre 2016

Cas relatifs

Cas individuel — 14/04/2025

«Mes enfants sont terrorisés. Je ne sais plus quoi faire ni comment arrêter ce calvaire.»

Léonie*, ressortissante Burundaise, est victime de persécutions dans son pays. En juin 2022, elle demande l’asile en Suisse avec ses trois enfants. Leur demande est rejetée en 2023 par le SEM puis par le TAF. La famille subit alors un véritable harcèlement policier: alors que Léonie* est hospitalisée en psychiatrie, son fils est arrêté à leur domicile pour être détenu à l’aéroport puis relâché. Sa fille aînée est également arrêtée à deux reprises, emmenée à l’aéroport puis relâchée. Enfin, la fille cadette se retrouve hospitalisée en psychiatrie, dans un état de choc, après que des agents ont essayé de l’arrêter au cabinet de sa psychologue. Malgré ces arrestations à répétition, Léonie* et ses enfants demandent le réexamen de leur décision d’asile, en raison d’éléments nouveaux survenus au Burundi et de l’état de santé de Léonie* qui se dégrade. Le SEM suspend l’exécution du renvoi de cette dernière, mais refuse de réexaminer la demande des enfants, désormais tous trois majeurs.
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Quatre ans d’attente: le calvaire d’une femme lesbienne et de ses enfants

Une femme doit attendre quatre ans pour que le SEM reconnaisse son motif d’asile, alors qu’elle a fourni toutes les preuves des persécutions subies en raison de son homosexualité. Aucune demande de regroupement familial n’a pu être faite durant ce temps: ses enfants se sont trouvés isolés et en danger durant près de cinq ans.
Cas individuel — 28/04/2010

Pas d’asile pour une victime de viols menacée de crime d’honneur

Déjà répudiée par sa famille, « Lulia », jeune femme kosovare, est encore victime de séquestration et de viols de la part de son employeur. Son père menace de la tuer, mais l’ODM et le TAF n’y voient qu’un litige privé qui ne saurait conduire à l’octroi de l’asile.
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9 ans de procédure pour faire reconnaître les persécutions subies

« Sarah », victime d’atroces persécutions, voit sa demande d’asile être frappée de non-entrée en matière parce qu’elle n’a pas de papiers d’identité. Il faudra 3 recours et 3 demandes de réexamen pour que le TAF lui accorde finalement l’asile. Après presque 10 ans de procédure.