L’intégration peut être réussie même sans un emploi qualifié

Le Tribunal fédéral a récemment conclu que les juges vaudois avaient dépassé leur pouvoir d’appréciation en confirmant le retrait du permis de séjour d’une jeune femme togolaise.

Après avoir passé dix années de vie conjugale avec un ressortissant suisse, la jeune togolaise au bénéfice d’un permis par regroupement familial a invoqué l’article 50 al. 1 let. a de la loi sur les étrangers afin de pouvoir rester en Suisse suite à la séparation du couple. Cette disposition permet en effet la poursuite du séjour lorsque la vie commune a duré au moins trois ans et que l’intégration du conjoint étranger est réussie.

Le Tribunal cantonal vaudois a estimé que l’intégration de l’épouse togolaise n’était pas réussie notamment parce que son niveau de qualification professionnelle en tant qu’aide de cuisine serait insuffisant. La Cour a en outre jugé que le fait qu’elle n’était que depuis peu de temps au bénéfice d’un contrat de travail à durée indéterminée corroborait ce manque d’intégration professionnelle.

Toutefois, au vu de l’indépendance financière, de la maîtrise de la langue française et de la conduite irréprochable d’une femme qui n’a jamais enfreint les lois suisses ni été dépendante de l’aide sociale, le Tribunal fédéral a estimé qu’il est abusif de considérer que son manque de qualification professionnelle puisse être qualifié d’intégration insuffisante. Une telle réflexion reviendrait à exiger une « intégration exceptionnelle » ce qui n’est pas prévu par la loi fédérale.

Reste maintenant au Tribunal cantonal désavoué à examiner si le couple a vécu pendant au moins trois ans en Suisse, comme l’exige la loi. En outre, selon les juges fédéraux, il n’est pas indispensable – contrairement à ce qu’ont estimé les magistrats vaudois – que ces trois années soient ininterrompues.

Source : Tribunal fédéral, Arrêt 2C_230/2011, du 11 octobre 2011.

Cas relatifs

Cas individuel — 24/04/2025

Séparation d’une famille: les autorités suisses octroient un permis B aux enfants mais renvoient les parents

Isak*, Katrina*, et leurs trois enfants, une famille rrom fuyant des persécutions en Serbie, arrivent en Suisse en novembre 2011 pour y demander l’asile. Les enfants ont alors respectivement 13 (Lorena*), 11 (Sonja*) et 7 ans (Danilo*). En juin 2012, le SEM (alors ODM) rejette leur demande d’asile et ordonne leur renvoi. Cinq ans plus tard, en novembre 2017, le SEM approuve la régularisation du séjour des deux sœurs ainées, dont une est encore mineure. En février 2018, l’autorité confirme le renvoi des parents et du frère cadet. Ce dernier sera finalement régularisé à son tour en 2022, à sa majorité. En 2023, la troisième demande de régularisation des parents, déposée notamment sur la base de l’unité familiale (les trois enfants possédant des permis B), est classée sans suite.
Cas individuel — 22/06/2011

Une mère somalienne seule et exilée
ne peut pas rejoindre ses filles suisses

« Jahara », exilée au Kenya suite à la guerre civile qui ravage la Somalie, souhaite venir vivre auprès de ses deux filles suisses, car ses conditions de vie, dans un camp de réfugiés, sont précaires (agressions, isolement). Mais, selon la loi, elle ne peut prétendre au regroupement familial et une demande de permis humanitaire est rejetée par l’ODM.
Cas individuel — 19/01/2011

Refus de permis pour le père de deux
enfants qui vivent en Suisse

En 1992, « Yunus », un turc qui vit en Suisse depuis 8 ans, se marie avec une suissesse avec laquelle il a une fille. Après un divorce en 1996, il repart en Turquie. En 2002, il revient illégalement et son fils de 5 ans, né d’un second mariage, le rejoint en 2003. En 2010, un permis humanitaire pour vivre avec ses deux enfants en Suisse lui est refusé.
Cas individuel — 22/09/2009

Ausweisung einer Sans Papiers-Familie die bestens in der Schweiz integriert ist

Après avoir vécu quinze ans en Suisse sans statut légal, une famille demande une autorisation de séjour pour cas de rigueur. Les parents travaillent depuis…