Le SEM et le Conseil fédéral présentent leurs rapports sur la situation des femmes dans le domaine de l’asile

Ces rapports, adoptés en réponse au postulat Feri, pointent plusieurs lacunes dans l’hébergement et l’accompagnement des femmes requérantes d’asile. Les autorités reconnaissent aussi qu’une perspective de genre et des mesures appropriées sont nécessaires pour prévenir la violence contre les femmes. Pour le CF, il est nécessaire d’agir dans les domaines de la formation et de la sensibilisation du personnel, de l’information et du soutien des requérantes d’asile ainsi que de l’identification des victimes de violence sexuelle. Enfin, les rapports précisent aussi dans quelle mesure les femmes victimes d’infractions commises à l’étranger devraient pouvoir bénéficier du soutien des centres cantonaux de consultation pour les victimes : pour les autorités, une extension du champ d’application de la loi fédérale sur l’aide aux victimes d’infractions (LAVI) n’est pas pertinente.

Des voix critiques émanant de la société civile se sont toutefois élevées à la sortie des deux rapports. Terre des Femmes, notamment, souligne dans une publication que les mesures prévues sont incomplètes, malgré les obligations qui découlent de la Convention d’Istanbul. Cette organisation regrette, entre autres, que ces mesures ne prennent pas en considération la diversité des femmes et des formes de violences qui s’exercent sur elles. Elle demande que les mesures soient prises sans considération du statut de séjour. Terre des Femmes estime aussi que le champ d’application de la LAVI doit être étendu, afin que les violences soient reconnues même si les actes ont été perpétrés à l’étranger avant l’arrivée des personnes en Suisse.

Sources : Conseil fédéral, « Rapport sur la situation des femmes et des filles relevant du domaine de l’asile », communiqué, 16.10.2019.
Giada de Coulon, « Femmes dans la procédure d’asile suisse : « Livrées à leur sort plutôt qu’accueillies » », asile.ch, 18.10.2019.
Conseil fédéral, Analyse de la situation des réfugiées. Analyse de la situation des femmes et des filles relevant du domaine de l’asile dans les centres fédéraux pour requérants d’asile et les centres d’hébergement collectif cantonaux, rapport, 18.10.2019.
SEM, Analyse de la situation des réfugiées. Analyse de la situation des femmes et des filles relevant du domaine de l’asile dans les centres fédéraux pour requérants d’asile et les centres d’hébergement collectif cantonaux,rapport, 18.10.2019.
Postulat 16.3407 déposée par Yvonne Feri « Analyse de la situation des réfugiées », 09.06.2016.

Cas relatifs

Cas individuel — 29/10/2024

Quatre ans de procédure pour se voir reconnaître son statut de victime de violences domestiques

Arrivée en Suisse en 2018 à la suite de son mariage avec un ressortissant suisse, Amanda* est rapidement victime de violences domestiques. À la suite de la séparation du couple, et malgré les documents attestant des violences subies par Amanda* ainsi que de ses craintes, fondées, de représailles de sa belle-famille en cas de retour, le SEM refuse de renouveler son autorisation de séjour et prononce son renvoi vers le Sri-Lanka. Amanda* dépose un recours au TAF contre cette décision. En août 2023, le TAF lui donne raison : il annule la décision du SEM et ordonne l’octroi d’une nouvelle autorisation de séjour en faveur d’Amanda* sur la base de l’art. 30 LEI qui permet de déroger aux conditions d’admission pour tenir compte de cas individuels d’une extrême gravité (F-2969/2020). Le TAF que reconnait les violences domestiques subies par Amanda* – que le SEM avait minimisées, voire niées – et leurs conséquences sur son état de santé, tout comme les difficultés de réintégration en cas de retour au pays d’origine, constituent des éléments suffisants pour admettre la prolongation de son séjour en Suisse.
Cas individuel — 01/12/2023

“J’ai travaillé toute ma vie, pour ne pas avoir d’indemnité de retraite du tout!” Cas-Témoignage

Arrivée trop âgée en Suisse pour toucher l’AVS (à 62 ans), Anoula* doit attendre 11 ans avant d’obtenir des prestations complémentaires.
Cas individuel — 02/03/2023

À sa sortie de l’hôpital, elle est renvoyée avec ses enfants par vol spécial en Croatie

Fiona* a subi des exactions de la part des autorités croates. Sa situation de vulnérabilité n’est pas prise en compte par le SEM et elle y est renvoyée sous la contrainte avec ses enfants.
Cas individuel — 12/10/2021

Quatre ans d’attente: le calvaire d’une femme lesbienne et de ses enfants

Une femme doit attendre quatre ans pour que le SEM reconnaisse son motif d’asile, alors qu’elle a fourni toutes les preuves des persécutions subies en raison de son homosexualité. Aucune demande de regroupement familial n’a pu être faite durant ce temps: ses enfants se sont trouvés isolés et en danger durant près de cinq ans.