Le nouveau décès d’un jeune arrivé mineur non accompagné alerte

Genève, 18.12.2023 – Ali P. était afghan, avait à peine 20 ans et bénéficiait d’une admission provisoire. Il résidait à Genève dans un foyer de l’Hospice général pour les requérant∙exs d’asile mineur∙sexs non-accompagné∙exs (RMNA) et sa santé mentale était précaire. Tout comme son statut en Suisse.

Depuis 2019, il s’agit du 4ème décès d’un jeune arrivé mineur non accompagné qui met fin à ses jours. Tous ont fui leurs pays afin d’éviter la torture ou une vie extrêmement difficile et tous sont morts à Genève en cherchant la liberté.

En 2022 et en 2023, des collectifs de soutien avec les ami·exs d’Ali Reza ont organisé 4 grandes manifestations, qui revendiquaient une véritable prise en compte des rapports médicaux et de la vulnérabilité des personnes; un arrêt des renvois vers des pays où les droits humains ne sont pas respectés ; des permis garantissant un avenir et une vie normale pour tout le monde ; le respect du droit à la formation et au travail ; la fin immédiate de l’aide d’urgence en faveur d’une aide sociale pleine et entière ; l’hébergement dans des logements de qualité.

Sophie Bobillier, avocate spécialisée dans la défense des droits humains, pointe du doigt des «failles institutionnelles» et trouve que «ce qui est fait aujourd’hui pour les jeunes migrants est insuffisant». Selon elle, il faut déployer plus des ressources pour l’identification des personnes à risque et critique durement le manque de communication de l’Hospice général qui nuit à la santé mentale des jeunes.

Noémie Cuissart de Grelle, médecin psychiatre responsable de la Consultation transculturelle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent aux HUG, explique que «le problème de la continuité des soins au passage de la minorité à la majorité est un défi de manière générale, mais il affecte plus particulièrement les RMNA». Car pour ces dernier·èrexs, «l’absence d’un réseau familial ou amical, les incertitudes liées au statut administratif ou au logement sont autant de facteurs de vulnérabilité supplémentaires».

Mathieu Crettenand, directeur de l’aide aux migrants de l’Hospice général, indique qu’après la mort d’Alireza en 2022, les institutions ont mis en place un meilleur suivi lors du passage à l’âge adulte, notamment grâce à la création d’une équipe d’éducateur∙tricexs mobiles lors de la fermeture du foyer de l’Etoile et la poursuite de la prise en charge après la majorité. Il reconnait néanmoins que des améliorations sont indispensables, notamment pour les jeunes qui arrivent tout juste majeur∙exs en Suisse.

Sources: le Courrier, ««Alireza, un an déjà!»», 05.12.2023 ; le Courrier, «Quid du suivi des jeunes requérant·es?», 13.12.2023 ; le Temps, «Nouveau décès d’un jeune requérant d’asile à Genève», 11.12.2023 ; la Tribune de Genève, «Le jeune homme retrouvé mort dans le Rhône était un migrant afghan», 11.12.2023.

Voir également: ODAE romand, «Le foyer de l’Etoile pour requérants d’asile mineur·exs non-accompagné·exs (RMNA) ferme ses portes», brève, 27.10.2023 ; ODAE romand, «Alireza, on ne t’oublie pas», brève, 30.03.2023 ; ODAE romand, «Le désespoir d’un jeune demandeur d’asile à Genève émeut la population», brève, 14.12.2022 ; ODAE romand, «Genève : Inquiétudes autour de la situation des (R)MNA et des jeunes», brève, 23.10.2019.

Cas relatifs

Cas individuel — 13/02/2024

Décès d’un jeune demandeur d’asile: la responsabilité directe des autorités suisses

Cas 459 / 13.02.2024 Alam* arrive en Suisse à 17 ans et demande l’asile après avoir vécu des violences en Grèce où il a reçu protection. Les autorités suisses prononcent une non-entrée en matière et son renvoi, malgré des rapports médicaux attestant de la vulnérabilité d’Alam*. Celui-ci met fin à ses jours à la suite du rejet de son recours par le TAF.
Cas individuel — 11/12/2023

Il passe 23 ans en Suisse avant d’obtenir une admission provisoire

Abdelkader* aura passé plus de 23 ans en Suisse avant d’obtenir un permis de séjour. Il lui aura fallu déposer une nouvelle demande de réexamen à l’âge de 62 ans.
Cas individuel — 22/12/2022

Débouté à deux reprises malgré des agressions homophobes attestées en Ukraine

Témoignage – Emir* quitte l’Ukraine en 2020 suite à des persécutions liées à son orientation sexuelle. En Suisse, sa demande d’asile est refusée par le SEM et son recours rejeté par le TAF. Il repart en Ukraine, où il subit de nouvelles violences. Revenu en Suisse, sa demande d’asile essuie le même refus des autorités.
Cas individuel — 24/08/2009

L’ODM voulait le renvoyer sans vérifier s’il pourrait recevoir des soins

La demande d’asile de « Robert » est rejetée, mais son médecin atteste qu’il est gravement malade. L’ODM affirme qu’il pourra se soigner au Togo. Le TAF estime le contraire et reproche à l’ODM de ne citer aucune source. Le DFJP voudrait qu’à l’avenir ce soit au requérant de prouver qu’il ne pourra pas être soigné. Quelles en seraient les conséquences ?