La différence entre l’aide sociale ordinaire et l’aide sociale accordée aux réfugié·exs

Suisse, 03.11.2023 – Un rapport réalisé par la Haute école spécialisée bernoise et l’Initiative des villes pour la politique sociale souligne une différence de soutien financier entre bénéficiaires de l’aide sociale selon le statut. Les résultats montrent que parmi les adultes réfugié·exs bénéficiant de l’aide sociale, 36% ont un emploi, contre 23% pour les autres bénéficiaires.

Emilie Moeschler, responsable des sports et de la cohésion sociale à Lausanne, explique que la baisse générale du taux des personnes à l’aide sociale doit être compris avec prudence. Les critères d’accès à l’aide sociale sont en effet restrictifs, particulièrement pour les détenteurs de permis B qui craignent un non-renouvellement de leur permis en cas de demande de soutien.

Le rapport souligne aussi que l’aide sociale en matière d’asile est nettement inférieure à l’aide sociale régulière, d’environ 60%. Cette disparité financière pose des obstacles importants à l’intégration des réfugié·exs, notamment en termes de couverture de besoins vitaux, d’accès aux cours linguistiques, de validation des qualifications et de prise en charge des problèmes de santé.

Cet étude recommande un investissement dans la formation des réfugié·exs, la reconnaissance des diplômes étrangers et l’élimination des disparités dans le traitement social en alignant l’aide sociale en matière d’asile sur l’aide sociale ordinaire, afin de favoriser une intégration plus effective des réfugié·exs sur le marché du travail et pour assurer leur autonomie financière.

Source: asile.ch, «Rapport | Réfugié·es, aide sociale et emploi», 26.10.2023 ; Le Courrier, «Le taux d’aide sociale en baisse», 25.10.2023 ; Berner Fachhochschule – Soziale Arbeit, «Aide sociale dans des villes suisses – Comparaison des indicateurs 2022».

Voir également: ODAE romand, «La CSIAS demande un relèvement de l’aide sociale dans l’asile», brève, 16.01.2023 ; ODAE romand, «Percevoir l’aide sociale ne démontre pas un manque d’intégration selon le TAF», brève, 17.07.2018.

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