Incendie des Tattes: 10 ans après, quelle justice?

Genève, 15.11.2024 – Le drame de l’incendie des Tattes avait eu lieu en 2014, la nuit du 16 au 17 novembre, entraînant la mort d’un requérant pris au piège d’un système anti-incendie déficient, des dizaines de défenestrations pour échapper aux flammes. Après 10 ans d’abandon, les 4-5-6 mars 2024, un procès en appel incrimine finalement l’Hospice général et plus particulièrement le responsable incendie de nombreux foyers pour requérant·es d’asile à Genève, ainsi que deux personnes de l’entreprise de sécurité Protectas. Les accusés font recours au Tribunal fédéral, une nouvelle étape du procès commence donc, probablement pour… quelques années. Des délais d’attente insupportables, pour les personnes gravement atteintes dans leur santé physique et psychologique, sans parler de leurs difficultés administratives et financières. 

Le collectif Solidarité Tattes, né début 2015 pour soutenir les sinistrés, continue de dénoncer ce traitement injuste et discriminatoire des réfugié·es, une justice fantôme qui se fait attendre plus de 10 ans, sans réparation, sans excuse, sans indemnités ; demander au Conseil d’état genevois de reconnaître une fois pour toutes sa responsabilité dans la catastrophe des Tattes et de faire le nécessaire pour que les victimes soient elles aussi reconnues, en accédant à un permis de séjour valable, à une rente AI le cas échéant.

Les témoignages de Steve et Aliu, sinistrés de l’incendie des Tattes, 10 ans après le drame:

Steve: « 10 ans après, ma situation est mauvaise. Ma santé est mauvaise. J’ai mal, vraiment mal. Chaque jour j’ai mal. Je ne peux pas travailler, je dépends de l’aide sociale. Je n’ai rien reçu en compensation de l’état, seulement l’aide sociale. Au début à l’hôpital ils ont commencé par me dire que je ne remarcherai jamais. Une personne handicapée, qu’est-ce que le gouvernement doit faire pour l’aider? Moi je n’ai rien reçu. J’ai demandé l’AI mais je ne reçois rien. Partout ils me disent non. On ne peut pas vivre toute sa vie avec si peu.« 

Aliu: « J’ai eu des fractures de la colonne vertébrale. J’ai fait une semaine d hospitalisation, ils ont dit que ce n’était pas grave. Mais en sortant j’ai senti mon pied gauche comme cassé. Une semaine après je ne pouvais plus marcher. Alors ils ont vu que je ne pouvais plus rester debout, ma colonne était cassée. Avec un faux pas je pourrais être handicapé. J’ai fait une demande AI et ils m’ont accepté à 50%. Mais avec le droit suisse je n’ai pas le droit de toucher cet argent car je n’ai pas travaillé 3 ans avant l’incendie. Aujourd’hui j’ai encore des séquelles dans la tête et partout. Je fais des cauchemars. J’ai le permis F et je suis coincé à l’aide sociale, donc je ne peux pas faire de regroupement familial. Je ne peux pas voir mes enfants.« 

Source: https://neotopo.hypotheses.org/9605

neotop.org, «`On se souvient’: Une plaque pour commémorer l’incendie des Tattes, à Genève», 09.01.2025.

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