Des conditions de détention administrative trop restrictives, voire contraires aux droits fondamentaux

La Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) vient de publier son rapport d’activité 2011, dans lequel elle s’intéresse aux conditions de détention administrative en application du droit des étrangers (LEtr).

En 2011, la CNPT a visité plusieurs centres où sont détenues des personnes faisant l’objet de cette mesure de contrainte. Ce type de détention, prévu aux art. 73 à 82 de la LEtr, n’a pas pour but de sanctionner un acte réprimé par le droit pénal mais celui de garantir l’exécution d’une décision de renvoi. Les conditions de détention doivent donc être plus souples que dans le régime carcéral ordinaire et présupposent qu’une procédure de renvoi ou d’expulsion soit en cours.

Dans ce rapport, la CNPT constate que l’art. 81 al. 2 LEtr, stipulant que les personnes détenues en application du droit des étrangers ne doivent pas être regroupées avec des détenus de droit pénal, est majoritairement respecté par les établissements visités. Cependant, les possibilités de mouvement offertes aux détenus ne sont quant à elles pas satisfaisantes, et, bien que l’heure de promenade quotidienne à l’air libre soit garantie dans tous les établissements visités, les lieux servant à celle-ci sont principalement de trop petites cours entièrement grillagées. Par ailleurs, la CNPT signale que l’absence de salles communes et le caractère ponctuel des occupations proposées ont pour conséquence que les personnes détenues passent la majeure partie de leurs journées en cellule, ce qui limite fortement leurs possibilités d’interactions. De même, certains établissements appliquent des règles trop restrictives en matière de visites, avec notamment une insuffisance du respect de la sphère privée et une utilisation du téléphone trop contraignante.

La CNPT conclut en signalant que « les modalités concrètes de détention administrative (…) sont excessivement restrictives et qu’elles ne sont pas entièrement conformes aux normes légales pertinentes et à la jurisprudence du Tribunal fédéral« , et recommande aux autorités d’uniformiser, à l’échelle suisse, les conditions de détentions en s’inspirant des arrêts du Tribunal fédéral.

Sources : Rapport d’activité CNPT 2011, du 11 octobre 2012.

Cas relatifs

Cas individuel — 24/11/2025

300 francs ou la prison: des gardes-frontières mettent sous pression une personne en procédure d’asile 

En août 2025, Hamidou* est contrôlé par des gardes-frontières. Il est accusé d’une infraction liée à son passage irrégulier de la frontière suisse-italienne. Pourtant, cela fait deux ans qu’Hamidou* est en Suisse et détient un permis N. Les policiers lui enjoignent de payer immédiatement 300 francs d’amende, faute de quoi il sera conduit en prison. Hamidou* contacte son assistante sociale qui lui conseille de régler la somme demandée. Hamidou* s’exécute contre la remise d’une quittance. La mandataire d’Hamidou*, indignée, contacte ensuite l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF), qui confirme que ce type de procédure est une pratique habituelle.
Cas individuel — 05/11/2012

Un réfugié reconnu passe sept mois
en détention administrative

« Beasrat » demande l’asile en Suisse après avoir vécu dans des conditions d’extrême précarité en Italie, malgré la reconnaissance de sa qualité de réfugié. Refusant d’y retourner, il passe sept mois en détention administrative, non sans séquelles sur sa santé psychique.
Cas individuel — 24/08/2009

Procédure à l'aéroport: 47 jours de rétention pour une fillette

Après avoir demandé l’asile à l’aéroport, une fillette et sa mère sont retenues durant 47 jours dans la zone de transit. Elles y séjournent dans des conditions inappropriées, surtout pour une enfant. Même le droit à une promenade quotidienne n’est pas respecté.
Cas individuel — 24/08/2009

Renvoyé de force au moment où il allait se marier

Abdoulaye, dont la demande d’asile a été rejetée, vit avec sa compagne suisse avec laquelle il a eu un enfant. Alors que des démarches de reconnaissance de l’enfant et de mariage sont en cours, Abdoulaye est arrêté, mis en détention, et renvoyé par vol spécial en Guinée.