Amnesty International demande que cessent les renvois vers l’Afghanistan

Suisse, 05.07.2021 – Par un communiqué, Amnesty International dénonce les décisions des autorités suisses et allemandes de renvoyer des requérant·es d’asile en Afghanistan.

Alors que les Talibans poursuivent leur progression meurtrière, l’ONG rappelle que la situation en matière de sécurité et de droits humains continue à se précariser dans le pays. Plus de 500 personnes seraient mortes durant le premier trimestre 2021, lors d’assassinats organisés ou d’assauts de groupes armés. Pourtant, simultanément, des renvois sont prévus depuis l’Allemagne et la Suisse. Des décisions irresponsables selon l’ONG, qui a recensé déjà 140 renvois forcés depuis le début de l’année au départ de l’Allemagne et en craint plus d’une centaine d’autres depuis la Suisse d’ici décembre 2021.

Ces renvois concernent des personnes déboutées de la procédure d’asile. Actuellement, les personnes originaires d’Afghanistan venues chercher refuge en Suisse ne sont que rarement déboutées. Elles reçoivent le plus souvent des admissions provisoires (permis F) (voir par exemple cas «Qassim»). Elles ne sont donc pas reconnues comme réfugiées, voient leur intégration entravée, et leur statut peut être révisé par les autorités (voir également le dernier rapport thématique de l’ODAE romand).

Source: Amnesty International, «Amnesty International Allemagne et Suisse exigent l’arrêt immédiat des renvois vers l’Afghanistan», Communiqué de presse, 05.07.2021 ; RTS, «Amnesty International veut que la Suisse cesse ses renvois vers l’Afghanistan», 06.07.2021 ; Tribune de Genève, «Amnesty veut l’arrêt des renvois vers l’Afghanistan», 05.07.2021 ; 24 heures, «Amnesty veut l’arrêt des renvois vers l’Afghanistan», 05.07.2021.

Voir également: ODAE romand, «Durcissements à l’encontre des Érythréen·ne·s : actualisation 2020», rapport thématique, décembre 2020 ; ODAE romand, «Pour le TAF, s’opposer aux talibans n’est pas une opinion politique : asile refusé», cas du 25.02.2019 ; ODAE romand, «Permis F – admission provisoire ou exclusion durable?», rapport thématique, octobre 2015.

Cas relatifs

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Après 4 ans éprouvants, une mère et sa fille reçoivent une admission provisoire

Après avoir déposé une demande d’asile en Suisse, une famille tchétchène vit quatre ans dans l’attente d’une décision. Durant cette période, qui débouche sur une admission provisoire en Suisse, « Larisa » et sa fille « Selina » sont éprouvées psychiquement et physiquement. Après que « Selina » ait été contrainte à un mariage forcé, elles doivent également faire le deuil de leur fils et frère « Aslan », assassiné en Russie suite à son renvoi par la Suisse.
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Une rescapée de Srebrenica est renvoyée
malgré de graves problèmes psychiques

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