Aéroport de Genève: pratique inquiétante du Secrétariat d’Etat aux Migrations

L’association elisa-asile a communiqué hier sur une situation préoccupante dont elle a été témoin concernant deux requérants d’asile assignés à la zone de transit de l’Aéroport de Genève.

Pendant la période de Noël-Nouvel An, alors que les bureaux du Secrétariat d’État aux Migrations (SEM) étaient fermés, deux requérants sont arrivés à l’Aéroport de Genève. Ils ont été assignés à la zone de transit au moyen d’un document comportant de nombreuses irrégularités. Ces décisions n’était non seulement pas signées, mais aussi l’entête correspondait à celle de l’ODM (qui s’appelle le SEM depuis le 1er janvier 2015 !).

L’association elisa-asile, qui conseille et représente gratuitement les requérant-e-s d’asile qui déposent leur demande à l’aéroport, a fait recours contre ces décisions viciées auprès du Tribunal administratif fédéral (TAF). Invité à remettre l’entier du dossier au TAF pour instruction, le SEM a joint au dossier une version modifiée de la décision initiale d’assignation à la zone de transit, notamment en y ajoutant la signature qui manquait à l’original.

Le TAF a admis les deux recours déposés par elisa-asile : les deux décisions d’assignation à la zone de transit ont été annulées car considérées toutes deux comme contraires au droit fédéral. Les deux requérants ont finalement pu quitter la zone de transit après respectivement 25 et 40 jours de rétention illicite.

Source : arrêt du TAF E-8409/2016 du 14 janvier 2016 et arrêt du TAF D-347/2016 du 22 janvier 2016, document info-presse d’elisa-asile.

Cas relatifs

Cas individuel — 14/04/2025

«Mes enfants sont terrorisés. Je ne sais plus quoi faire ni comment arrêter ce calvaire.»

Léonie*, ressortissante Burundaise, est victime de persécutions dans son pays. En juin 2022, elle demande l’asile en Suisse avec ses trois enfants. Leur demande est rejetée en 2023 par le SEM puis par le TAF. La famille subit alors un véritable harcèlement policier: alors que Léonie* est hospitalisée en psychiatrie, son fils est arrêté à leur domicile pour être détenu à l’aéroport puis relâché. Sa fille aînée est également arrêtée à deux reprises, emmenée à l’aéroport puis relâchée. Enfin, la fille cadette se retrouve hospitalisée en psychiatrie, dans un état de choc, après que des agents ont essayé de l’arrêter au cabinet de sa psychologue. Malgré ces arrestations à répétition, Léonie* et ses enfants demandent le réexamen de leur décision d’asile, en raison d’éléments nouveaux survenus au Burundi et de l’état de santé de Léonie* qui se dégrade. Le SEM suspend l’exécution du renvoi de cette dernière, mais refuse de réexaminer la demande des enfants, désormais tous trois majeurs.
Cas individuel — 01/12/2023

Emprisonné à trois reprises dans des conditions reconnues illicites par le Tribunal fédéral. Cas-témoignage

Depuis son arrivée en Suisse en 2012, Samy* été détenu à trois reprises, notamment pour séjour illégal. Les trois fois, il connaitra les conditions de détention illicites des zones carcérales de Lausanne. Une pratique que le Tribunal fédéral reconnaît être une violation de la CEDH.
Cas individuel — 28/11/2023

Parce qu’il séjourne illégalement sur le territoire, il est détenu 16 mois

Jamil* est arrêté à Genève. Il cumule 2 ans et 9 mois de détention pénale puis administrative, sa demande d'asile ayant été rejetée.
Cas individuel — 08/07/2014

Placée en détention administrative, elle perd son enfant

« Soraya », originaire d’Érythrée, demande l’asile en Suisse. Comme elle a déjà demandé l’asile en Suède, elle est incarcérée en vue d’un transfert. Enceinte, son état de santé se détériore en prison et elle doit interrompre sa grossesse. Suite à ce tragique événement, le TAF impose l’application de la clause de souveraineté de l’accord de Dublin, annulant ainsi son transfert.