8 ans et demi à l’aide d’urgence : une mère de famille témoigne

« Je suis en Suisse depuis 8 ans et demi maintenant, toujours sans rien, sans statut et sans perspectives. » Ces paroles, recueillies par le collectif Droit de rester, proviennent du témoignage d’une mère de famille d’origine érythréenne vivant à l’aide d’urgence (l’aide d’urgence est octroyée aux personnes déboutées de l’asile, qui sont privées du droit de percevoir l’aide sociale et de travailler en vertu des articles 81 et 82 de la Loi sur l’asile). Cette femme vit avec son mari et ses deux enfants, dont un en bas âge. Elle souligne les contraintes quotidiennes auxquelles elle est confrontée et son sentiment d’impuissance face à cette situation. Une telle précarité risque d’avoir des conséquences graves sur leur état de santé physique et psychique, notamment pour les enfants. Les coûts à long terme ne seront-ils pas encore plus importants ? Ce régime de l’aide d’urgence, qui plus est sur une longue durée, ne constitue-t-il pas une violation des obligations de la Suisse envers les enfants (art. 3 CDE intérêt supérieur de l’enfant) ?

Sources : collectif Droit de rester, Aide d’urgence : seulement survivre, 17 décembre 2017; sur le même sujet, voir la brève du 13.06.2014.

Cas relatifs

Cas individuel — 24/04/2025

Séparation d’une famille: les autorités suisses octroient un permis B aux enfants mais renvoient les parents

Isak*, Katrina*, et leurs trois enfants, une famille rrom fuyant des persécutions en Serbie, arrivent en Suisse en novembre 2011 pour y demander l’asile. Les enfants ont alors respectivement 13 (Lorena*), 11 (Sonja*) et 7 ans (Danilo*). En juin 2012, le SEM (alors ODM) rejette leur demande d’asile et ordonne leur renvoi. Cinq ans plus tard, en novembre 2017, le SEM approuve la régularisation du séjour des deux sœurs ainées, dont une est encore mineure. En février 2018, l’autorité confirme le renvoi des parents et du frère cadet. Ce dernier sera finalement régularisé à son tour en 2022, à sa majorité. En 2023, la troisième demande de régularisation des parents, déposée notamment sur la base de l’unité familiale (les trois enfants possédant des permis B), est classée sans suite.
Cas individuel — 30/01/2024

Gravement atteint dans sa santé, il survit à l’aide d’urgence depuis 7 ans

«Je n’ai pas de permis, je dois donc me battre à deux niveaux: pour ma situation administrative et pour ma santé.» Atteint d’une maladie grave qui affecte le système nerveux, Badri* est venu en Suisse afin d’être soigné car il ne pouvait pas l’être en Géorgie. Il demande l’asile, mais sa requête est rejetée par le SEM qui ordonne son renvoi. Badri perd peu à peu son autonomie, son corps se paralyse. Une opération en 2021 lui redonne une mobilité partielle, mais il a besoin d’un suivi médical pluridisciplinaire régulier. Il demande alors le réexamen de la décision du SEM en démontrant l’absence de soins en Géorgie, mais il reçoit à nouveau une réponse négative. Depuis sept ans, Badri survit donc avec une aide d’urgence de 275 CHF/mois.
Cas individuel — 16/06/2014

Malgré sa collaboration,
l’OCPM le fait arrêter dans ses locaux

Après 10 années passées en Suisse et le rejet définitif de sa demande d’asile, le Togolais « Dodji » est arrêté à l’OCPM en vue de l’établissement d’un laissez-passer et de son renvoi avec épouse et enfants. Saisis, les juges cantonaux jugent cette arrestation disproportionnée.