Victime de violences conjugales, la police l’arrête pour séjour illégal

Alertée par une voisine, la police intervient au domicile de Monica*, victime des violences conjugales. Alors qu’elle avait affirmé à la voisine que Monica* ne serait pas inquiété pour son absence de statut de séjour, elle arrête cette dernière. En septembre 2025, Monica* est condamnée à 30 jours-amende pour séjour illégal et exercice d’une activité lucrative sans autorisation.

Personne concernée (*Prénom fictif): Monica*

Origine: Amérique latine

Statut: aucun

Chronologie

2024 : arrivée en Suisse de Monica* et sa fille ; rencontre et enregistrement du partenariat avec son conjoint ;

2025 : violences domestiques et intervention de la police (mai) ; condamnation pour séjour illégal
(sept.)

Questions soulevées

  • Comment la police peut-elle garantir qu’aucune interpellation n’aura lieu sur la base de l’absence de séjour en cas de violences conjugales, puis le moment venu, interpeller la victime ? Comment les personnes sans-papiers peuvent-elles dénoncer des agresseurs dans ces conditions ?
  • Comment justifier qu’une victime de violences conjugales soit condamnée pour séjour illégal alors qu’elle a fait appel aux autorités pour être protégée ?

Description du cas

Monica* arrive en Suisse en 2024, accompagnée de sa fille. Elle y rencontre son futur conjoint, ressortissant espagnol résidant en Suisse. Le couple officialise l’union à travers un partenariat enregistré en Espagne, puis s’établit en Suisse. Mais le conjoint de Monica* n’entreprend aucune démarche en vue de régulariser la situation de sa compagne et de sa fille. Sans statut, Monica* parvient tout de même à trouver un emploi à temps partiel dans l’économie domestique.

En mai 2025, Monica* est victime de violences conjugales. Elle se réfugie chez sa voisine qui appelle la police une première fois pour vérifier qu’en cas d’intervention ils n’incrimineront pas Monica* en raison de son absence de permis de séjour. La police la rassure en confirmant que non.

Lors d’un nouvel épisode de violences, survenu le même mois, la voisine appelle alors la police, qui intervient et expulse le conjoint de Monica* du logement. Cependant, contrairement à ce qui avait été annoncé, la police procède à l’interpellation de Monica. Cette dernière est emmenée au poste et y reste détenue plusieurs heures. Finalement, la police lui fait signer un PV par lequel elle reconnait être en séjour illégal et exercer une activité lucrative sans autorisation.

En septembre 2025, Monica est condamnée par ordonnance pénale à 30 jours-amende pour séjour illégal et exercice d’une activité lucrative sans autorisation. La procédure concernant son ex-conjoint est toujours en cours.

Signalé par : CSP Vaud

Sources : Rapport de police, ordonnance pénale, ordonnance d’expulsion du tribunal

Cas relatifs

Cas individuel — 17/12/2025

Venues dénoncer des violences domestiques graves, elles sont traitées par la police comme des prévenues

Karen*, sa fille Claudia*, et la fille de cette dernière, ressortissantes péruviennes, vivent en Suisse sans titre de séjour valable. Depuis 2023, Claudia*, se trouve dans une relation de violences conjugales avec un homme titulaire d’un permis d’établissement (permis C). En janvier 2025, Karen* dépose une plainte pénale contre ce dernier. Bien que son avocate l’accompagne au poste de police, Karen* y est très mal reçue, les policiers l’informant qu’elle-même et sa fille Claudia* seraient convoquées par le Ministère public en raison de leur séjour illégal. En août, l’avocate dépose une demande de régularisation pour la famille, ainsi que des mesures d’éloignement et une interdiction de contact de l’ex-compagnon envers Karen*, Claudia* et sa fille. À ce jour, aucune des procédures n’a abouti à une décision.
Cas individuel — 20/11/2018

Après 4 ans éprouvants, une mère et sa fille reçoivent une admission provisoire

Après avoir déposé une demande d’asile en Suisse, une famille tchétchène vit quatre ans dans l’attente d’une décision. Durant cette période, qui débouche sur une admission provisoire en Suisse, « Larisa » et sa fille « Selina » sont éprouvées psychiquement et physiquement. Après que « Selina » ait été contrainte à un mariage forcé, elles doivent également faire le deuil de leur fils et frère « Aslan », assassiné en Russie suite à son renvoi par la Suisse.
Cas individuel — 24/08/2009

9 ans de procédure pour faire reconnaître les persécutions subies

« Sarah », victime d’atroces persécutions, voit sa demande d’asile être frappée de non-entrée en matière parce qu’elle n’a pas de papiers d’identité. Il faudra 3 recours et 3 demandes de réexamen pour que le TAF lui accorde finalement l’asile. Après presque 10 ans de procédure.
Cas individuel — 24/08/2009

Procédure accélérée au CEP : traumatismes psychiques négligés

Arrivée au CEP dans un état de profonde détresse psychique, « Samila » n’y reçoit aucun soin, et l’ODM y décide en 20 jours de la renvoyer. Son recours est déclaré d’emblée « voué à l’échec » et soumis au paiement d’une avance de frais. Il aboutira cependant à son admission provisoire… en raison de graves troubles psychiques.