Violences domestiques : le double défi des enfants migrants

La revue Reiso a publié un article d’une travailleuse sociale de la Fraternité (CSP Vaud), et par ailleurs membre du comité de notre observatoire, sur la situation complexe des enfants de parents étrangers (extra-européens), lorsque ceux-ci perdent leur permis de séjour suite à une séparation. La situation des femmes migrantes victimes de violences conjugales a été largement documentée par l’ODAE romand. Celle de leurs enfants, parfois devenus majeurs durant la procédure, est largement méconnue. Comme l’illustrent les situations citées dans l’article, les possibilités de régularisation sont extrêmement minces pour ces jeunes. Elles dépendent de plusieurs facteurs, notamment leur nationalité et celle du conjoint rejoint : si il ou elle est européen∙ne, l’ALCP s’applique, sinon c’est la Loi sur les étrangers. Dans ce dernier cas, les chances de pouvoir demeurer en Suisse sont plus faibles. Les dossiers des jeunes majeurs sont séparés de ceux des parents (et des frères et sœurs mineurs), ce qui peut poser problème car leur situation doit être appréhendée dans le contexte des violences conjugales. En effet, les enfants doivent être considérés comme des victimes directes de la violence domestique, qu’ils et elles en soient témoins ou directement touché∙e∙s. La longueur et la complexité de la procédure est un facteur déstabilisant supplémentaire pour ces jeunes déjà fragilisés par leur situation familiale.

 

Sources : Guadalupe De Iucidibus, Des jeunes migrants face à un double défi, revue Reiso, 14.01.2019 ; ODAE romand, Femmes étrangères victimes de violences conjugales, mars 2016.

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