Violences conjugales : vers une meilleure protection des migrantes en Suisse ?

Le Groupe de travail romand « Femmes migrantes et Violences conjugales » a publié, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes (25 novembre), un communiqué se félicitant du changement de l’article 50 de la Loi sur les étrangers (LEtr).

Le 15 juin 2012, le Parlement fédéral a adopté une nouvelle loi de lutte contre les mariages forcés, qui modifie la teneur de cette disposition comme suit :

Les raisons personnelles majeures visées à l’al. 1 let. b, sont notamment données lorsque le conjoint est victime de violence conjugale, que le mariage a été conclu en violation de la libre volonté d’un des époux, ou que la réintégration sociale dans le pays de provenance semble fortement compromise.

Avant cette modification, il fallait que les deux conditions (violence conjugale et réintégration dans le pays d’origine compromise) soient cumulativement réunies pour ouvrir le droit, en cas de séparation suite à des violences conjugales, au renouvellement du permis de séjour.

L’ODAE romand a documenté récemment des situations où les autorités ont refusé de renouveler le permis d’étrangères victimes de violences conjugales, car celles-ci n’auraient pas atteint l’intensité requise – selon la jurisprudence en vigueur – pour constituer à elles seules un motif de renouvellement. Il reste à voir si, suite à l’entrée en vigueur de ce changement de loi, probablement en 2013, le simple fait d’avoir rendu vraisemblables les violences subies sera suffisant pour permettre le maintien ou le renouvellement du permis de séjour.

Pour plus d’informations au sujet de la pratique actuelle, voir le rapport de l’ODAE romand « Femmes étrangères victimes de violences conjugales », 2e édition mise à jour, mai 2012, et plus récemment le cas de « Carmen ».

Source : Communiqué du Groupe de travail « Femmes migrantes et Violences conjugales », 22 novembre 2012.

Cas relatifs

Cas individuel — 29/10/2024

Quatre ans de procédure pour se voir reconnaître son statut de victime de violences domestiques

Arrivée en Suisse en 2018 à la suite de son mariage avec un ressortissant suisse, Amanda* est rapidement victime de violences domestiques. À la suite de la séparation du couple, et malgré les documents attestant des violences subies par Amanda* ainsi que de ses craintes, fondées, de représailles de sa belle-famille en cas de retour, le SEM refuse de renouveler son autorisation de séjour et prononce son renvoi vers le Sri-Lanka. Amanda* dépose un recours au TAF contre cette décision. En août 2023, le TAF lui donne raison : il annule la décision du SEM et ordonne l’octroi d’une nouvelle autorisation de séjour en faveur d’Amanda* sur la base de l’art. 30 LEI qui permet de déroger aux conditions d’admission pour tenir compte de cas individuels d’une extrême gravité (F-2969/2020). Le TAF que reconnait les violences domestiques subies par Amanda* – que le SEM avait minimisées, voire niées – et leurs conséquences sur son état de santé, tout comme les difficultés de réintégration en cas de retour au pays d’origine, constituent des éléments suffisants pour admettre la prolongation de son séjour en Suisse.
Cas individuel — 29/04/2010

Victime de graves violences conjugales, elle risque le renvoi

« Zorica », d’origine serbe, découvre peu après son mariage que son époux suisse est très violent. Ils se séparent et l’époux, binational, retourne en Serbie. Au moment de renouveler le permis de « Zorica », l’ODM ne tient pas compte du traumatisme subi, lui reproche son manque d’intégration et prononce son renvoi en Serbie, où son ex-mari la menace de mort.
Cas individuel — 24/08/2009

Violences conjugales: on expulse la victime au lieu de la soutenir !

Après avoir subi pendant des années la violence de son mari, « Luzia », brésilienne, se résout finalement à demander le divorce. Déjà déstabilisée par cette situation extrêmement difficile, « Luzia » va se retrouver en plus confrontée à un renvoi.