Une levée des restrictions aux renvois Dublin vers l’Italie contestée

Suisse, 19.04.2022 – Dans un arrêt de référence (D-4235/2021 du 19 avril 2022), le TAF a statué que les transferts Dublin «take charge» vers l’Italie ne nécessitaient plus que les autorités italiennes fournissent des garanties individuelles portant sur la prise en charge de la personne transférée, même si les personnes souffrent de graves problèmes de santé.

Le TAF revient ainsi sur sa jurisprudence antérieure (E-962/2019 du 17 décembre 2019) selon laquelle la Suisse ne pouvait pas renvoyer des familles et personnes vulnérables en Italie sans garanties individuelles d’une prise en charge et d’un hébergement adaptés. Les juges estiment en effet que les conditions se sont améliorées dans ce pays, depuis que le décret «Salvini» a été abrogé. Le TAF distingue néanmoins deux cas de figure. D’une part, les personnes qui n’ont pas encore demandé l’asile en Italie (procédures dites «take charge»), concernées par l’arrêt. D’autre part, les personnes qui ont déjà déposé une demande d’asile ou dont la demande a été rejetée en Italie («take back»): pour elles, les autorités suisses doivent toujours exiger des garanties individuelles de la part des autorités italiennes.

Dans un communiqué, l’OSAR considère que les conclusions du TAF sont « diamétralement opposées » aux siennes. Dans un rapport de février 2022, l’organisation constatait en effet un manque de places et de qualité du traitement des maladies psychiques en Italie. L’OSAR recommande de renoncer de manière générale aux transferts vers ce pays en cas de maladies psychiques.

Sources: TAF, «Allègements pour les transferts Dublin vers l’Italie», communiqué, 19.04.2022; OSAR, «Jugement décevant sur le traitement des personnes concernées par les maladies psychiques en Italie», 25.04.2022; arrêt du TAF D-4235/2021 du 19 avril 2022.

Voir également: ODAE romand, «Reprise des renvois Dublin des familles vers l’Italie», brève, 22.10.2021.

Cas relatifs

Cas individuel — 13/02/2024

Décès d’un jeune demandeur d’asile: la responsabilité directe des autorités suisses

Cas 459 / 13.02.2024 Alam* arrive en Suisse à 17 ans et demande l’asile après avoir vécu des violences en Grèce où il a reçu protection. Les autorités suisses prononcent une non-entrée en matière et son renvoi, malgré des rapports médicaux attestant de la vulnérabilité d’Alam*. Celui-ci met fin à ses jours à la suite du rejet de son recours par le TAF.
Cas individuel — 01/01/2024

Harcelée en Croatie, une famille est menacée d’y être renvoyée

En 2019, Romina* et Khaleel* quittent l’Afghanistan avec leur fille (Emna*), encore mineure et leurs trois fils majeurs. Ils demandent l’asile en Suisse en octobre 2020, après être passé∙es par la Croatie. La famille raconte avoir tenté de passer la frontière entre la Bosnie et la Croatie à plus de 15 reprises, avoir été arrêté∙es par les autorités croates puis maltraité·es, volé·es, déshabillé·es et frappé·es. En février 2020, le SEM rend une décision NEM Dublin. Le mandataire d’Ehsan* et Noura* dépose un recours au TAF contre la décision du SEM. En avril 2021, le SEM annule sa décision de NEM Dublin pour le second fils et sa famille, qui reçoivent une admission provisoire. En juillet 2021, le TAF prononce les arrêts qui rejettent respectivement les recours de Moussa*, de Ehsan* et Noura* et de Romina* et Khaleel*.
Cas individuel — 28/11/2023

Renvoyé en Croatie malgré un recours pendant au CAT

Emprisonné et torturé pendant 18 ans, il est renvoyé en Croatie malgré un recours déposé auprès du CAT.
Cas individuel — 11/12/2016

Atteint du VIH, il pourrait obtenir un permis de séjour, on lui propose un statut précaire

Atteint du VIH et soumis à un traitement spécifique, « Sinh » se voit à plusieurs reprises refuser un permis pour cas de rigueur par le SPoMi, qui estime que les soins seront accessibles au Vietnam « selon toute probabilité ». Le Tribunal cantonal casse la décision, critiquant la légèreté de l’investigation du SPoMi. Alors que « Sinh » semble remplir les conditions d'octroi d’un permis de séjour, le canton opte pour une admission provisoire.