Un permis B ALCP peut être révoqué en cours de validité si l’on perd sa qualité de « travailleur »

Un permis B attribué à un ressortissant de l’Union européenne pour une durée de 5 ans peut être révoqué avant son échéance si le titulaire perd sa qualité de « travailleur » du fait d’avoir épuisé son droit aux indemnités de chômage, d’émarger à l’aide sociale et de ne pas être en mesure de trouver un emploi durable. Le Tribunal fédéral a précisé la portée de l’Accord sur la Libre Circulation des Personnes (ALCP) à travers son récent arrêt sur le cas de A., ressortissante portugaise arrivée en Suisse pour travailler comme barmaid en 2009. Ayant perdu son emploi en 2010 à cause d’une restructuration, A. touche des indemnités de chômage pendant 18 mois puis l’aide sociale dès avril 2011. Elle est ensuite embauchée pour une mission de 3 mois en mai 2012. En septembre 2013, le Service de la population révoque son autorisation de séjour, décision cassée sur recours par le Tribunal cantonal vaudois. L’ODM recourt alors au TF, qui confirme la révocation du permis de séjour de A., tout en indiquant qu’elle avait le droit de rester en Suisse pendant six mois, à la fin de son activité salariée en août 2012, pour rechercher un emploi. Durant cette période, d’après le Tribunal l’ALCP ne confère cependant pas le droit à l’aide sociale. Si A. avait démontré des efforts importants pour retrouver un emploi et qu’il y avait une réelle perspective d’engagement, son autorisation de séjour aurait pu encore être prolongée jusqu’à une année maximum (art. 18 al.3 OLCP). Dans ce cas particulier, le TF n’a pas estimé que ces conditions étaient remplies.

Sources :

Arrêt du Tribunal fédéral 2C_390/2013 du 10 avril 2014.

Yvan Fauchère, La révocation des permis B UE/AELE des personnes à l’aide sociale après avoir épuisé leur droit aux indemnités chômage : Arrêt du Tribunal fédéral du 10 avril 2014, publication de l’ARTIAS, avril 2014.

Cas relatifs

Cas individuel — 30/01/2024

"Si j’avais pu, je serais peut-être partie et j’aurais fait ma vie de mon côté."

Gina* arrive en Suisse en 2008 et reçoit un permis de séjour par regroupement familial avec son compagnon, Pedro*. Elle dépend alors entièrement du statut de ce dernier. Lorsque Pedro* rencontre des problèmes de santé qui l’empêchent de travailler, les autorités informent le couple de leur intention de ne pas renouveler leur permis. Pedro* a pourtant travaillé durant plus de quinze ans sur les chantiers en Suisse.
Cas individuel — 25/08/2016

Le SEM nie (encore !) la jurisprudence et opte pour le renvoi d’un enfant européen

« Sofia », ressortissante russe arrivée en Suisse en 2003 pour ses études, demande un permis de séjour sur la base de sa relation avec son fils, de nationalité belge. Ce dernier a un droit de séjour conformément à l’Accord sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’Union européenne, que nie pourtant le Secrétariat d’Etat aux migrations.
Cas individuel — 19/04/2011

Livré à lui-même en Turquie, il ne peut pas rejoindre son père en Suisse

« Alim », âgé de 15 ans, est livré à lui-même en Turquie. Il fait une demande pour rejoindre son père, qui est suisse et vit ici. Mais cette demande est formulée après le délai d’un an inscrit dans la loi. Alors que le Tribunal cantonal admet des raisons familiales majeures, qui permettraient d’échapper à l’application stricte du délai, l’ODM, lui, ne veut rien savoir.
Cas individuel — 06/01/2011

Regroupement familial : discrimination d’un Suisse
par rapport à des Européens?

« Ratana », d’origine thaïe, est mariée à « Philippe », citoyen suisse. Ils souhaitent faire venir la fille de « Ratana », 13 ans, restée en Thaïlande. Les autorités refusent parce que le délai d’un an pour adresser la demande a été dépassé, mais reconnaissent que si « Philippe » avait été un ressortissant européen, le droit au regroupement familial aurait été garanti par l’ALCP.