Un greffier du TAF démissionne en dénonçant des jugements politiques

Suisse, 28.06.2023 – C’est notamment à la suite d’un récent arrêt de principe sur le renvoi de requérant·es d’asile en Croatie qu’un greffier du TAF, docteur en droit, a choisi de claquer la porte. Selon lui, la décision de justice concernant les procédures Dublin et concluant que ces expulsions peuvent être pratiquées serait motivée par des considérations politiques plutôt que juridiques. Il souligne la provenance politique bourgeoise des juges (1 PLR, 1 PDC, 1 PLR, 2 UDC) ayant pratiqué cet arrêt.

Alors que plusieurs rapports (voire notre brève) récemment parus attestent de violations des droits humains en Croatie, le greffier évoque un cas de conscience, des nuits d’insomnie, et a finalement décidé de ne pas aller contre l’intérêt public.

Sources: le Courrier, «Cas de conscience au TAF», 28.06.23 ; asile.ch, «Dublin Croatie | La contorsion politique des juges du TAF», 27.06.23.

Voir également: ODAE romand, «Nouveau rapport accablant concernant les renvois vers la Croatie», brève, 29.06.23 ; Solidarité sans frontières et Droit de Rester, «Spirale de la violence. Les renvois Dublin vers la Croatie et le rôle de la Suisse», 28.06.2023 ; le Temps, «Selon un rapport commandé par l’Etat de Vaud, l’avenir est sombre pour les requérants d’asile en Croatie», 16.06.23.

Cas relatifs

Cas individuel — 12/02/2025

Alors que la Suède avait reconnu sa minorité, la Suisse change sa date de naissance et prononce son renvoi

Adil*, originaire d’Afghanistan, demande l’asile en Suède en 2015. La Suède examine son âge et reconnait sa minorité, cependant elle rejette sa demande d’asile. Adil* se rend alors en Suisse, et réitère sa demande de protection. Mais le SEM lui attribue une nouvelle date de naissance, qui le rend majeur, et prononce son renvoi vers la Suède au nom du règlement Dublin III. Adil* dépose un recours auprès du TAF contre cette décision, mais celui-ci est rejetée. Adil* et son mandataire déposent alors un nouveau recours, auprès du Comité des droits de l’enfant (CDE). En mai 2024, celui-ci rend sa décision : il estime que la Suisse a violé l’intérêt supérieur d’Adil* (art. 3 de la Convention) et son droit d’être entendu (art. 12) en le déclarant majeur. Il reproche à la Suisse d’avoir ignoré l’expertise de détermination de l’âge réalisée en Suède et de n’avoir pas procédé à une évaluation complète de son développement physique et psychologique.
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Harcelée en Croatie, une famille est menacée d’y être renvoyée

En 2019, Romina* et Khaleel* quittent l’Afghanistan avec leur fille (Emna*), encore mineure et leurs trois fils majeurs. Ils demandent l’asile en Suisse en octobre 2020, après être passé∙es par la Croatie. La famille raconte avoir tenté de passer la frontière entre la Bosnie et la Croatie à plus de 15 reprises, avoir été arrêté∙es par les autorités croates puis maltraité·es, volé·es, déshabillé·es et frappé·es. En février 2020, le SEM rend une décision NEM Dublin. Le mandataire d’Ehsan* et Noura* dépose un recours au TAF contre la décision du SEM. En avril 2021, le SEM annule sa décision de NEM Dublin pour le second fils et sa famille, qui reçoivent une admission provisoire. En juillet 2021, le TAF prononce les arrêts qui rejettent respectivement les recours de Moussa*, de Ehsan* et Noura* et de Romina* et Khaleel*.
Cas individuel — 02/03/2023

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