Un an de guerre en Ukraine: bilan du statut S et de l’accueil en famille

Suisse, 23.02.2023 – Un an après le début de la guerre, alors que plus de 70’000 personnes venant d’Ukraine ont été accueillies en Suisse, diverses associations tirent le bilan.

Caritas Suisse et l’OSAR tirent un constat positif de l’accueil en famille, qui s’est révélé indispensable au vu de l’ampleur des arrivées, bien supérieures aux capacités de logement de la Confédération et des cantons. Pour la première fois, cette forme d’hébergement a été explicitement soutenue par le gouvernement suisse qui a débloqué des fonds publics pour sa réalisation. Ainsi, près de la moitié de personnes venant d’Ukraine ont été logées chez des particulier·èrexs. Une enquête de l’OSAR, réalisée en collaboration avec la Haute école de Lucerne et la Haute école spécialisée bernoise, révèle ainsi que ce dispositif, stable, permet de favoriser l’intégration et que la cohabitation fonctionne bien dans la plupart des cas. Après un an de ce modèle, l’OSAR encourage à l’ancrer durablement dans la pratique et à élargir son accès aux autres personnes dans l’asile.

Caritas Suisse reconnait également le rôle déterminant du statut de protection S, qui permet un accueil rapide en évitant la fastidieuse procédure d’asile et qui donne sans délai le droit de travailler. Toutefois, l’association suisse pointe des améliorations à apporter. Elle recommande l’obtention d’un permis B dans les 2 ans (plutôt que les 5 ans actuellement prévus), afin de lever l’épée de Damoclès du retour qui menace les personnes installées. Elle dénonce également les inégalités des montants d’aide sociale dans le domaine de l’asile (voir notre brève). Enfin, elle demande la fin des inégalités de traitement entre les permis et l’octroi des mêmes droits – liberté de voyager, regroupement familial et accès au marché de l’emploi – à toutes les personnes (requérantes d’asile comme réfugiées reconnues).

Source: Caritas, «Un bilan positif, mais des améliorations nécessaires», 23.02.2023 ;  le Temps, «Caritas revendique l’octroi d’un permis B aux Ukrainiens après deux ans», 22.02.2023 ; OSAR, «Le modèle de famille d’accueil est un succès», 23.02.2023 ; OSAR, «Familles d’accueil pour personnes réfugiées d’Ukraine», 24.02.2023.

Voir également: ODAE romand, «La CSIAS demande un relèvement de l’aide sociale dans l’asile», 16.01.2023.

Cas relatifs

Cas individuel — 11/02/2025

Mineure, elle obtient une transformation de permis F en B pour respect de la vie privée

Dara* est au bénéfice d’une admission provisoire depuis près de 7 ans lorsqu’elle dépose une demande d’autorisation de séjour, rejetée par le canton. Dara* interjette alors un recours auprès de la Cour administrative cantonale, puis du Tribunal fédéral (TF). Bien que mineure, le TF lui reconnait la possibilité de faire une telle démarche sans passer par ses représentant·es légaux·ales. Le TF admet ensuite le recours et renvoie la cause au SPoMI pour délivrance d’une autorisation de séjour (permis B).
Cas individuel — 01/01/2024

Harcelée en Croatie, une famille est menacée d’y être renvoyée

En 2019, Romina* et Khaleel* quittent l’Afghanistan avec leur fille (Emna*), encore mineure et leurs trois fils majeurs. Ils demandent l’asile en Suisse en octobre 2020, après être passé∙es par la Croatie. La famille raconte avoir tenté de passer la frontière entre la Bosnie et la Croatie à plus de 15 reprises, avoir été arrêté∙es par les autorités croates puis maltraité·es, volé·es, déshabillé·es et frappé·es. En février 2020, le SEM rend une décision NEM Dublin. Le mandataire d’Ehsan* et Noura* dépose un recours au TAF contre la décision du SEM. En avril 2021, le SEM annule sa décision de NEM Dublin pour le second fils et sa famille, qui reçoivent une admission provisoire. En juillet 2021, le TAF prononce les arrêts qui rejettent respectivement les recours de Moussa*, de Ehsan* et Noura* et de Romina* et Khaleel*.
Cas individuel — 11/12/2023

Il passe 23 ans en Suisse avant d’obtenir une admission provisoire

Abdelkader* aura passé plus de 23 ans en Suisse avant d’obtenir un permis de séjour. Il lui aura fallu déposer une nouvelle demande de réexamen à l’âge de 62 ans.
Cas individuel — 01/12/2023

“J’ai travaillé toute ma vie, pour ne pas avoir d’indemnité de retraite du tout!” Cas-Témoignage

Arrivée trop âgée en Suisse pour toucher l’AVS (à 62 ans), Anoula* doit attendre 11 ans avant d’obtenir des prestations complémentaires.