Témoignages et encadrement des MNA

Le dernier numéro de la revue Vivre Ensemble relate les témoignages de quatre anciens mineurs non accompagnés originaires de différents pays. Ces enfants aujourd’hui majeurs, ont connu l’exil, la séparation, la solitude et ont dû faire face à de multiples obstacles. Leurs récits de vie ont fait l’objet d’un travail de recherche mené par Marie Rigal Leblanc et Fanny Jaussi dans le cadre de la Haute école de travail social. Dans leur travail, elles mettent en avant l’importance du récit de vie pour la reconstruction de l’identité et de l’avenir. Elles montrent également, au travers des témoignages, les précarités que subissent ces enfants, et la loyauté présente dans leurs relations. Enfin, leur travail sert aussi à montrer le rôle et la responsabilité des travailleurs sociaux et de la société dans la prise en charge de ces jeunes isolés. Un autre article de ce même numéro concerne les disparités cantonales dans l’encadrement et la prise en charge, qui ne font pas toujours une priorité de l’intégration des mineurs isolés. Le canton de Fribourg a quant à lui mis en place le programme « Envole-moi » en 2018. Celui-ci se concentre sur l’autonomisation et l’intégration sociale des jeunes jusqu’à 25 ans.

Sources : Vivre Ensemble n. 169, Témoignage | Quatre anciens mineurs non accompagnés se racontent, et Des disparités cantonales conséquentes, septembre 2018 ; programme « Envole-moi » Fribourg ; brève du 14.12.17

Cas relatifs

Cas individuel — 12/02/2025

Alors que la Suède avait reconnu sa minorité, la Suisse change sa date de naissance et prononce son renvoi

Adil*, originaire d’Afghanistan, demande l’asile en Suède en 2000. La Suède examine son âge et reconnait sa minorité, cependant elle rejette sa demande d’asile. Adil* se rend alors en Suisse, et réitère sa demande de protection. Mais le SEM lui attribue une nouvelle date de naissance, qui le rend majeur, et prononce son renvoi vers la Suède au nom du règlement Dublin III. Adil* dépose un recours auprès du TAF contre cette décision, mais celui-ci est rejetée. Adil* et son mandataire déposent alors un nouveau recours, auprès du Comité des droits de l’enfant (CDE). En mai 2024, celui-ci rend sa décision : il estime que la Suisse a violé l’intérêt supérieur d’Adil* (art. 3 de la Convention) et son droit d’être entendu (art. 12) en le déclarant majeur. Il reproche à la Suisse d’avoir ignoré l’expertise de détermination de l’âge réalisée en Suède et de n’avoir pas procédé à une évaluation complète de son développement physique et psychologique.
Cas individuel — 15/03/2012

Pas de permis pour une ado victime
d’abus sexuels dans son pays d’origine

À 8 ans, « Renata » rejoint sa mère en Suisse après avoir été victime de violences sexuelles dans son pays d’origine. Malgré un préavis favorable du canton, une bonne intégration et l’avis de spécialistes défavorables au renvoi, l’ODM refuse l’octroi d’un permis B humanitaire.
Cas individuel — 20/12/2011

Une rescapée de Srebrenica est renvoyée
malgré de graves problèmes psychiques

« Halida », rescapée du massacre de Srebrenica, demande l’asile en Suisse en 2000 alors qu'elle a à peine 18 ans. 11 ans plus tard, malgré ses troubles psychiques et la naissance d'un bébé, l’ODM puis le TAF vont prononcer son renvoi (et celui de son nouveau-né) vers la Bosnie. Elle n'y a pourtant quasiment plus de repères ni de réseau familial ou social.