Suite à une décision d’expulsion vers la Croatie, Nazanine* poursuit ailleurs son combat pour obtenir l’asile
Suisse, 17.10.2023 – Nazanine* est une ressortissante burundaise qui souffre de divers problèmes de santé. Lorsqu’elle arrive en Croatie à la fin de l’année 2022, elle est arrêtée et doit passer quelques temps en prison. Ses affaires personnelles lui sont retirées, ses empreintes digitales enregistrées et elle est forcée à signer des papiers qu’elle ne peut pas comprendre faute de traduction.
En décembre 2022, elle quitte la Croatie et arrive en Suisse où elle demande l’asile. Le SEM prononce à son encontre une non-entrée en matière au nom du règlement Dublin et décrète son renvoi vers la Croatie.
En avril 2023, le SEM réitère sa décision de ne pas rentrer en matière sur la demande d’asile de Nazanine* et prononce derechef une décision de renvoi vers la Croatie. Nazanine* dépose alors un recours auprès du TAF. Fin avril 2023, le TAF rejette le recours et la demande de prise en charge des frais judiciaires de Nazanine*. La ressortissante burundaise se retrouve ainsi obligée de fuir pour éviter d’être expulsée de force vers la Croatie, pays qui commet de nombreuses exactions et violences à l’encontre des personnes migrantes. En Croatie, aucune structure n’est à même de l’accueillir dignement pour qu’elle puisse y déposer sa demande d’asile. En cause notamment les conditions sanitaires, l’insalubrité et la saturation de l’hébergement qui ne permettent pas, selon les observations de plusieurs associations, un accueil respectueux des droits humains. Nazanine* s’est alors vu contrainte de transiter vers différents pays de l’UE, dans l’espoir de voir un jour sa demande d’asile évaluée sur le fonds et de trouver la protection qu’elle était venue chercher en exil.
Comme Nazanine*, nombre de personnes qui reçoivent une décision d’expulsion vers la Croatie ou à destination d’autres Etat membres de Schengen se voient poussées à la clandestinité en Suisse ou à l’errance entre différents pays. Des situations qui durent plusieurs années parfois, avec des allers et retours et des tentatives multiples avant que leur demande d’asile ne soit finalement examinée quelque part. Ces situations impactent psychologiquement et souvent physiquement les personnes concernées, usées de l’attente prolongée et des menaces d’expulsion constantes qui pèsent sur elles.
Sources: arrêt TAF, «TAF E-2069/2023», 21.04.2023, UE, « règlement Dublin », 26.06.2013, témoignage de Nazanine*.
Voir également: ODAE romand, «Renvoyé vers la Croatie au mépris de son état de santé», brève, 21.08.2023 ; ODAE romand, «Nouveau rapport accablant concernant les renvois vers la Croatie», brève, 29.06.2023.