Un requérant d’asile privé de son autorité parentale

Dans un arrêt du 14 décembre 2017 (5A_214/2017), le Tribunal fédéral (TF) refuse l’autorité parentale commune à un requérant d’asile sur son enfant de 6 ans. L’instance a estimé qu’il ne connaissait pas suffisamment les besoins de son fils dont il avait été séparé durant au moins deux ans. Or, cette séparation était due au placement en détention administrative et au renvoi de ce père. Durant cette période, il lui était impossible de maintenir le contact, son fils ayant été séparé de sa mère et placé en institution. Suite à l’exécution du renvoi, le requérant est revenu en Suisse et a demandé l’autorité parentale conjointe. Cette possibilité existe désormais, indépendamment de l’état civil des parents. Toutefois, le TF n’a pas considéré comme pertinentes les raisons ayant conduit à la perte de contact entre le père et l’enfant. Le père devra d’abord se contenter de son droit de visite avant de pouvoir introduire une nouvelle requête pour obtenir l’autorité parentale conjointe. Seul un des juges a estimé que les pères ne devaient pas être contraints de « suivre une sorte de « camp d’entraînement » avant d’obtenir l’autorité parentale commune ».

Sources : Jusletter, Autorité parentale refusée à un requérant d’asile, Jurius, 18 décembre 2017 ; Tribune de Genève, Autorité parentale refusée à un requérant d’asile

Cas relatifs

Cas individuel — 24/04/2025

Séparation d’une famille: les autorités suisses octroient un permis B aux enfants mais renvoient les parents

Isak*, Katrina*, et leurs trois enfants, une famille rrom fuyant des persécutions en Serbie, arrivent en Suisse en novembre 2011 pour y demander l’asile. Les enfants ont alors respectivement 13 (Lorena*), 11 (Sonja*) et 7 ans (Danilo*). En juin 2012, le SEM (alors ODM) rejette leur demande d’asile et ordonne leur renvoi. Cinq ans plus tard, en novembre 2017, le SEM approuve la régularisation du séjour des deux sœurs ainées, dont une est encore mineure. En février 2018, l’autorité confirme le renvoi des parents et du frère cadet. Ce dernier sera finalement régularisé à son tour en 2022, à sa majorité. En 2023, la troisième demande de régularisation des parents, déposée notamment sur la base de l’unité familiale (les trois enfants possédant des permis B), est classée sans suite.
Cas individuel — 08/07/2014

Placée en détention administrative, elle perd son enfant

« Soraya », originaire d’Érythrée, demande l’asile en Suisse. Comme elle a déjà demandé l’asile en Suède, elle est incarcérée en vue d’un transfert. Enceinte, son état de santé se détériore en prison et elle doit interrompre sa grossesse. Suite à ce tragique événement, le TAF impose l’application de la clause de souveraineté de l’accord de Dublin, annulant ainsi son transfert.
Cas individuel — 24/08/2009

Un père de famille expulsé par vol spécial

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Cas individuel — 24/08/2009

Renvoyé de force au moment où il allait se marier

Abdoulaye, dont la demande d’asile a été rejetée, vit avec sa compagne suisse avec laquelle il a eu un enfant. Alors que des démarches de reconnaissance de l’enfant et de mariage sont en cours, Abdoulaye est arrêté, mis en détention, et renvoyé par vol spécial en Guinée.