Reprise des renvois Dublin des familles vers l’Italie

Suisse, 22.10.21 – En décembre 2019, le TAF avait étendu la jurisprudence Tarakhel (CourEDH, affaire Tarakhel c. Suisse) aux personnes souffrant de maladies graves ou chroniques (voir notre brève). Pendant plusieurs années, la Suisse n’a plus pu renvoyer de familles ni certaines personnes vulnérables vers l’Italie, tant et aussi longtemps que les autorités italiennes ne fournissaient pas des garanties individuelles portant sur une prise en charge et un hébergement adaptés.

Par un communiqué de presse, le TAF a annoncé le 18 octobre 2021 la reprise des renvois de familles vers l’Italie. En effet, la jurisprudence avait été établie suite à l’entrée en vigueur du décret «Salvini», qui entravait l’accès des requérant∙es à la procédure d’asile et aux prestations d’accueil en Italie. Or, l’Italie ayant révoqué ce «décret Salvini», le TAF a émis un nouvel arrêt de référence permettant la reprise des transferts de familles avec enfants mineurs vers la péninsule, dans le cadre du règlement Dublin. Pourtant, un rapport de l’OSAR datant du mois de juin 2021 souligne des manquements persistants dans le système d’accueil en Italie et des difficultés supplémentaires causées par la pandémie de Covid-19. L’organisation a récemment critiqué le nouvel arrêt de référence et maintient sa recommandation aux autorités d’éviter les renvois vers l’Italie.

Sources: TAF, «Procédure Dublin: transfert des familles vers l’Italie à nouveau possible», communiqué, 18.10.2021 ; OSAR, «Le Tribunal administratif fédéral ignore la situation précaire des personnes requérantes d’asile en Italie», 22.10.2021 ; OSAR, «Conditions d’accueil en Italie. Évolutions actuelles», rapport, 10.06.2021.

Voir également: ODAE romand, «Restrictions aux renvois « Dublin » vers l’Italie», brève, 10.03.2020.

Cas relatifs

Cas individuel — 13/02/2024

Décès d’un jeune demandeur d’asile: la responsabilité directe des autorités suisses

Cas 459 / 13.02.2024 Alam* arrive en Suisse à 17 ans et demande l’asile après avoir vécu des violences en Grèce où il a reçu protection. Les autorités suisses prononcent une non-entrée en matière et son renvoi, malgré des rapports médicaux attestant de la vulnérabilité d’Alam*. Celui-ci met fin à ses jours à la suite du rejet de son recours par le TAF.
Cas individuel — 01/01/2024

Harcelée en Croatie, une famille est menacée d’y être renvoyée

En 2019, Romina* et Khaleel* quittent l’Afghanistan avec leur fille (Emna*), encore mineure et leurs trois fils majeurs. Ils demandent l’asile en Suisse en octobre 2020, après être passé∙es par la Croatie. La famille raconte avoir tenté de passer la frontière entre la Bosnie et la Croatie à plus de 15 reprises, avoir été arrêté∙es par les autorités croates puis maltraité·es, volé·es, déshabillé·es et frappé·es. En février 2020, le SEM rend une décision NEM Dublin. Le mandataire d’Ehsan* et Noura* dépose un recours au TAF contre la décision du SEM. En avril 2021, le SEM annule sa décision de NEM Dublin pour le second fils et sa famille, qui reçoivent une admission provisoire. En juillet 2021, le TAF prononce les arrêts qui rejettent respectivement les recours de Moussa*, de Ehsan* et Noura* et de Romina* et Khaleel*.
Cas individuel — 22/12/2022

Débouté à deux reprises malgré des agressions homophobes attestées en Ukraine

Témoignage – Emir* quitte l’Ukraine en 2020 suite à des persécutions liées à son orientation sexuelle. En Suisse, sa demande d’asile est refusée par le SEM et son recours rejeté par le TAF. Il repart en Ukraine, où il subit de nouvelles violences. Revenu en Suisse, sa demande d’asile essuie le même refus des autorités.
Cas individuel — 07/05/2014

Malgré l’impossibilité du renvoi, une famille passe 4 ans à l’aide d’urgence

Menacé en Palestine, « Issam » prend la fuite avec sa femme « Samra ». La Suisse leur refuse l’asile en 2003, décision confirmée sur recours en 2009. L’ODM, informé dès 2009 que le retour en Cisjordanie est rendu impossible par les accords d’Oslo, ne statue sur leur demande de réexamen qu’en avril 2014, malgré les graves problèmes psychiques de « Samra ». En attendant, le couple et ses 3 enfants seront restés 4 ans à l’aide d’urgence.