Renvoi d’un mineur non accompagné : le SEM rappelé à l’ordre

Dans un arrêt du 16 décembre 2015, le TAF admet un recours contre une décision du SEM ordonnant le renvoi d’un mineur non-accompagné (MNA) vers son pays d’origine. Selon le Tribunal, le Secrétariat n’a pas pris les mesures nécessaires afin de s’assurer qu’il serait pris en charge à son retour. Le Tribunal rappelle quelle doit être la pratique en la matière.

Dans la décision incriminée, le SEM a jugé que le renvoi du mineur était raisonnablement exigible parce que des membres de sa famille résidant dans son pays pourraient le soutenir, et qu’il existait une association de protection de l’enfance susceptible de le prendre en charge. Or, selon la jurisprudence du Tribunal, l’autorité doit « vérifier concrètement, …] que le demandeur d’asile mineur débouté et non accompagné pourra, après son retour, être pris en charge de manière adéquate […] ». Ces conditions spécifiques concernant les MNA sont ancrées dans la loi ([art. 69 al. 4 LEtr), et pour le Tribunal la seule mention de l’existence d’une association ou la présence dans le pays de membres de la famille ne suffisent pas. Le SEM aurait dû prendre des contacts tangibles afin de s’assurer qu’une prise en charge était possible dans ce cas précis et non dans l’absolu. La cause est renvoyée au SEM pour complément d’instruction et nouvelle décision. Espérons que d’ici là, le jeune homme concerné par le renvoi n’aura pas atteint la majorité.

Source : Arrêt du TAF D-7799/2015 du 16 décembre 2015

Cas relatifs

Cas individuel — 16/09/2024

Mineur, il passe plus de 2 mois en détention à l’aéroport sous la menace d’un renvoi

Né en 2006, Hatim* fuit l’Irak en raison de persécutions. Il arrive en Suisse en avril 2024, à l’âge de 17 ans. Il dépose une demande d’asile à l’aéroport de Genève le 22 avril 2024 auprès du Service asile et rapatriement aéroport (SARA). L’entrée en Suisse lui est refusée et il est assigné à la zone de transit de l’aéroport durant le temps de traitement de sa demande d’asile. Celle-ci est rejetée au début du mois de mai. N’ayant pas accès un mandataire, Hatim dépose un recours en nom propre, lequel est également rejeté à la fin du même mois. Durant tout le temps de la procédure, Hatim reste détenu dans la zone de transit de l’aéroport sans droit de sortie ni accès à des services de base (santé, formation, etc.) alors qu’il est mineur. Début juin, sa nouvelle mandataire dépose une plainte auprès du Comité des droits de l’enfant des Nations-Unies, dénonçant la décision de son renvoi vers l’Irak ainsi que sa détention à l’aéroport, dont les conditions de vie violent les art. 3 et art. 31 CDE. Des mesures superprovisionnelles ordonnant la suspension de son renvoi sont finalement prononcées et Hatim* est attribué fin juin au canton de Genève, avec un permis N (procédure d’asile en cours).
Cas individuel — 20/12/2011

Une rescapée de Srebrenica est renvoyée
malgré de graves problèmes psychiques

« Halida », rescapée du massacre de Srebrenica, demande l’asile en Suisse en 2000 alors qu'elle a à peine 18 ans. 11 ans plus tard, malgré ses troubles psychiques et la naissance d'un bébé, l’ODM puis le TAF vont prononcer son renvoi (et celui de son nouveau-né) vers la Bosnie. Elle n'y a pourtant quasiment plus de repères ni de réseau familial ou social.