Procédures accélérées : le TAF reprend le SEM sur sa manière de trier les dossiers d’asile

Dans un arrêt de principe, le TAF a admis le recours d’un requérant d’asile qui contestait l’examen de sa demande en procédure accélérée. Malgré la complexité de l’affaire, le SEM avait décidé de ne pas appliquer la procédure étendue, qui aurait permis un délai de recours de 30 jours, contre 7 jours ouvrables en procédure accélérée (art. 108 LAsi).

L’arrêt concerne un requérant d’asile iranien qui a vu sa demande traitée en procédure accélérée, alors que le SEM avait mené, après le premier entretien, deux auditions supplémentaires d’une durée de six heures chacune et n’avait rendu sa décision qu’après 89 jours. La LAsi prévoit pourtant un délai de 29 jours pour une décision en procédure accélérée  (art. 26 al. 1 et art. 37 al. 2 LAsi). 

Dans son arrêt, le TAF juge que le fait d’avoir appliqué la procédure accélérée à ce dossier et donc de l’avoir soumis à un délai de recours raccourci constitue une violation du droit à un recours effectif (art. 29a Cst). Il constate aussi que l’affaire n’est pas un cas particulier : dans plusieurs autres dossiers, le SEM aurait dû opter pour une procédure étendue. Dans son communiqué, le TAF souligne que « l’objectif d’accélération de la procédure visé par le législateur ne peut être garanti dans une procédure conforme à l’État de droit que si l’autorité inférieure procède avec la diligence requise au triage des procédures tel que prévu par la loi ».

Sources : Arrêt du TAF E-6713/2019 du 18 juin 2020 ; Communiqué du TAF, « Asile : triage en matière de procédures accélérées », 19.06.2020.

Cas relatifs

Cas individuel — 29/10/2024

Quatre ans de procédure pour se voir reconnaître son statut de victime de violences domestiques

Arrivée en Suisse en 2018 à la suite de son mariage avec un ressortissant suisse, Amanda* est rapidement victime de violences domestiques. À la suite de la séparation du couple, et malgré les documents attestant des violences subies par Amanda* ainsi que de ses craintes, fondées, de représailles de sa belle-famille en cas de retour, le SEM refuse de renouveler son autorisation de séjour et prononce son renvoi vers le Sri-Lanka. Amanda* dépose un recours au TAF contre cette décision. En août 2023, le TAF lui donne raison : il annule la décision du SEM et ordonne l’octroi d’une nouvelle autorisation de séjour en faveur d’Amanda* sur la base de l’art. 30 LEI qui permet de déroger aux conditions d’admission pour tenir compte de cas individuels d’une extrême gravité (F-2969/2020). Le TAF que reconnait les violences domestiques subies par Amanda* – que le SEM avait minimisées, voire niées – et leurs conséquences sur son état de santé, tout comme les difficultés de réintégration en cas de retour au pays d’origine, constituent des éléments suffisants pour admettre la prolongation de son séjour en Suisse.
Cas individuel — 18/03/2014

Après 4 ans en Suisse l’ODM veut les renvoyer en Pologne

Gravement menacés en Géorgie, « David » et « Liana » cherchent refuge en Suisse avec leur enfant, après avoir séjourné en Pologne. L’ODM prononce une décision de transfert « Dublin » vers ce pays, confirmée 4 ans après par le Tribunal administratif fédéral en dépit de la naissance d’un deuxième enfant et des troubles psychiques de « David » et de l’aîné.