« Paroles en exil », témoignages percutants

« La guerre s’est terminée en 2000 et nous aurions dû rentrer chez nous. Mais ils avaient un autre agenda. C’est à ce moment que les menaces et les tortures sont apparues pour nous dissuader de quitter l’armée. Avec ce service militaire devenu illimité, il y avait de nouveaux projets pour nous. (…) Nous étions les esclaves d’un groupe militaire aux commandes du pays, pour leur profit et leur plaisir. Nous avons sacrifié notre liberté en échange d’argent de poche. Eux, ils ont terrifié les gens par leurs méthodes et les ont déchirés à l’intérieur comme à l’extérieur de l’armée. »*

Bereket et Simon ont fui le service militaire de leur pays, l’Érythrée, pour demander l’asile en Suisse. Dans un petit livre, le collectif Sans Retour leur donne la parole : « une parole d’exilé∙e∙s, une parole en lutte, une parole si peu donnée à celles et ceux les mieux placé∙e∙s pour raconter leurs vies et décrire les mécanismes d’oppression à l’œuvre », explique le collectif. Bereket et Simon nous livrent leurs histoires et racontent étape après étape toutes les épreuves endurées, en quête d’asile. Après un parcours d’exil effroyable, une déception commune : celle de ne pas se voir reconnaître le statut de réfugié en Suisse.

« Je ne sais pas si aujourd’hui j’ai atteint la limite de mon espoir, ou si mon espoir décline, car cette liberté que je m’attendais à trouver, cette possibilité de vivre comme n’importe qui m’échappe. »*

Source : collectif Sans Retour, « Paroles en exil », octobre 2019.

*Extraits du témoignage de Simon

Cas relatifs

Cas individuel — 06/03/2025

Pour avoir déposé plainte pour vol, elle perd son logement, son travail et risque le renvoi

Kelia*, originaire de Colombie, vit à Genève depuis février 2017. Elle travaille en tant qu’employée dans l’économie domestique mais ne possède pas de titre de séjour. En mai 2023, elle est victime d’un vol à la tire. Un policier, témoin du vol, arrête le voleur et demande à Kelia* de le suivre au poste pour déposer plainte. La police se rend alors compte de sa situation juridique. Son employeuse est convoquée et amendée, malgré le fait qu’elle avait déclaré l’engagement de Kelia* auprès du Service de la population et cotisé pour ses assurances sociales. Elle est contrainte mettre fin au contrat de travail de Keila*. La personne qui lui loue son appartement lui demande de quitter les lieux. Keila* écope en outre d’une peine de 30 jours amende en plus du paiement des frais de procédure, pour infraction à l’art. 30 LEI (séjour illégal). Enfin, l’Office cantonal de la population lui adresse une décision d’expulsion avec un départ fixé à la fin novembre 2024.
Cas individuel — 22/11/2023

Une retraite trop basse pour vivre et pas d’accès aux prestations complémentaires

Alors qu’elle a été régularisée, les autorités genevoises ne prennent pas en compte les années passées à Genève sans statut de résidence d’Emanuela*. En conséquence, cette dernière n’a pas accès aux prestations complémentaires AVS et doit continuer à travailler à l’âge de 71 ans.
Cas individuel — 21/06/2023

Une famille afghane NEM était tiers sûr vers la Grèce obtient néanmoins une admission provisoire

Zoya* et Yanis* bataillent 16 mois contre une non-entrée en matière était tiers sûr Grèce, alors que la famille connait de nombreux problèmes de santé psychologique et des violences conjugales. Finalement, le SEM leur délivre une admission provisoire.
Cas individuel — 27/02/2020

Levée d’admission provisoire d’un Érythréen de 21 ans : une mesure disproportionnée ?

À 21 ans, « Kidane » se voit retirer son permis F. Son mandataire juridique invoque une violation du principe de la proportionnalité (art. 5 al. 2 Cst), mais le SEM comme le TAF refusent d’examiner la décision sous cet angle.