« Paroles en exil », témoignages percutants

« La guerre s’est terminée en 2000 et nous aurions dû rentrer chez nous. Mais ils avaient un autre agenda. C’est à ce moment que les menaces et les tortures sont apparues pour nous dissuader de quitter l’armée. Avec ce service militaire devenu illimité, il y avait de nouveaux projets pour nous. (…) Nous étions les esclaves d’un groupe militaire aux commandes du pays, pour leur profit et leur plaisir. Nous avons sacrifié notre liberté en échange d’argent de poche. Eux, ils ont terrifié les gens par leurs méthodes et les ont déchirés à l’intérieur comme à l’extérieur de l’armée. »*

Bereket et Simon ont fui le service militaire de leur pays, l’Érythrée, pour demander l’asile en Suisse. Dans un petit livre, le collectif Sans Retour leur donne la parole : « une parole d’exilé∙e∙s, une parole en lutte, une parole si peu donnée à celles et ceux les mieux placé∙e∙s pour raconter leurs vies et décrire les mécanismes d’oppression à l’œuvre », explique le collectif. Bereket et Simon nous livrent leurs histoires et racontent étape après étape toutes les épreuves endurées, en quête d’asile. Après un parcours d’exil effroyable, une déception commune : celle de ne pas se voir reconnaître le statut de réfugié en Suisse.

« Je ne sais pas si aujourd’hui j’ai atteint la limite de mon espoir, ou si mon espoir décline, car cette liberté que je m’attendais à trouver, cette possibilité de vivre comme n’importe qui m’échappe. »*

Source : collectif Sans Retour, « Paroles en exil », octobre 2019.

*Extraits du témoignage de Simon

Cas relatifs

Cas individuel — 17/12/2025

Régularisation refusée après 9 ans de vie en Suisse, à cause d’un séjour de cinq mois en Autriche

Saif*, ressortissant irakien, demande l’asile en Suisse en 2016. Après un refus, il se rend en Autriche où il sollicite également l’asile. Renvoyé en Suisse en 2017 en vertu du règlement Dublin, il survit à l’aide d’urgence. En 2024, il demande la régularisation de son statut auprès de l’Office cantonal de la population qui refuse, au motif que son lieu de séjour n’était pas connu entre octobre 2016 et mars 2017. En mai 2025, après 9 ans d’aide d’urgence, l’état psychique de Saif* se détériore et il suit un traitement médical. Avec l’aide d’une mandataire, il dépose une nouvelle demande de réexamen sur la base de l’art. 83 al. 4 LEI. Le SEM rejette cette demande, estimant que l’accès aux soins est possible en Irak.
Cas individuel — 30/01/2024

"Si j’avais pu, je serais peut-être partie et j’aurais fait ma vie de mon côté."

Gina* arrive en Suisse en 2008 et reçoit un permis de séjour par regroupement familial avec son compagnon, Pedro*. Elle dépend alors entièrement du statut de ce dernier. Lorsque Pedro* rencontre des problèmes de santé qui l’empêchent de travailler, les autorités informent le couple de leur intention de ne pas renouveler leur permis. Pedro* a pourtant travaillé durant plus de quinze ans sur les chantiers en Suisse.
Cas individuel — 01/01/2024

Harcelée en Croatie, une famille est menacée d’y être renvoyée

En 2019, Romina* et Khaleel* quittent l’Afghanistan avec leur fille (Emna*), encore mineure et leurs trois fils majeurs. Ils demandent l’asile en Suisse en octobre 2020, après être passé∙es par la Croatie. La famille raconte avoir tenté de passer la frontière entre la Bosnie et la Croatie à plus de 15 reprises, avoir été arrêté∙es par les autorités croates puis maltraité·es, volé·es, déshabillé·es et frappé·es. En février 2020, le SEM rend une décision NEM Dublin. Le mandataire d’Ehsan* et Noura* dépose un recours au TAF contre la décision du SEM. En avril 2021, le SEM annule sa décision de NEM Dublin pour le second fils et sa famille, qui reçoivent une admission provisoire. En juillet 2021, le TAF prononce les arrêts qui rejettent respectivement les recours de Moussa*, de Ehsan* et Noura* et de Romina* et Khaleel*.
Cas individuel — 11/12/2023

Il passe 23 ans en Suisse avant d’obtenir une admission provisoire

Abdelkader* aura passé plus de 23 ans en Suisse avant d’obtenir un permis de séjour. Il lui aura fallu déposer une nouvelle demande de réexamen à l’âge de 62 ans.