Nouvelle procédure d’asile : le TAF renvoie plus de décisions au SEM

Durant la première année d’application de la nouvelle loi sur l’asile, allant du 1er mars 2019 au 29 février 2020, le TAF a renvoyé au SEM 15% des dossiers soumis au nouveau droit, contre 6.5% des dossiers soumis à l’ancien droit. Dans la grande majorité des cas, le TAF a cassé des décisions dans lesquelles le SEM n’avait pas établi les faits avec suffisamment de précision, principalement pour déterminer les motifs d’asile des requérant·e·s. La deuxième cause de cassation la plus fréquente a été le manque d’investigation des problèmes médicaux des requérant·e·s d’asile.

Différentes organisations avaient déjà émis des critiques allant à l’encontre du « premier bilan positif » communiqué par le SEM le jeudi 6 février 2020. Elles relevaient les nombreux arrêts du TAF cassant ses décisions et remettaient en question la qualité de l’établissement des faits et des mesures d’instruction effectuées par le SEM, ainsi que le manque d’accès aux soins et de prise en compte de l’état de santé des requérant·e·s dans les décisions d’asile.

Sources : TAF, « Communiqué de presse concernant la première année d’application du nouveau droit d’asile », 23.03.20 ; Sophie Malka, « Fact-checking : les ratés de l’accélération des procédures »,  Vivre Ensemble, VE 176, février 2020 ; OSAR, « L’accélération ne doit pas prétériter l’équité et la qualité », communiqué, 04.02.2020 ;Amnesty International, « Un régime rigide dans les centres fédéraux et des délais très courts », communiqué, 28.02.2020 ; Raphaël Rey, « Procédures accélérées et accès aux soins. L’équation impossible ? Prise en considération de l’état de santé : des procédures bâclées », Vivre Ensemble, VE 173, juin 2019 ; Louis Wehrli, « Procédures accélérées et accès aux soins. L’équation impossible ? Soins dans la nouvelle procédure d’asile : un système au rabais ! », Vivre Ensemble, VE 173, juin 2019.

Cas relatifs

Cas individuel — 01/07/2025

Les autorités suisses attendent ses 18 ans pour prononcer son renvoi

Ethan* est né en 2006 en Guinée. Après avoir perdu ses parents, puis sa grand-mère qui l’avait pris en charge, il quitte le pays avec un oncle. Séparé de ce dernier, il arrive comme mineur non accompagné en Suisse en 2023 et demande l’asile. Il a alors 16 ans. Deux ans plus tard, à 18 ans, il reçoit finalement une décision négative sur sa demande d’asile et l’annonce de son renvoi. Ethan* dépose alors un recours auprès du TAF, toujours pendant.
Cas individuel — 25/07/2018

Son récit est qualifié d’invraisemblable malgré plusieurs éléments de preuve

« Yared » demande l’asile en Suisse après avoir quitté l’Ethiopie, où il a été détenu et maltraité en tant qu’opposant politique. Il présente une convocation officielle des autorités éthiopiennes et un rapport médical rédigé par un service spécialisé attestant de son état de santé et corroborant ses dires. Cependant, le SEM puis le TAF considèrent que ses déclarations sont invraisemblables et prononcent son renvoi de Suisse.