Naturalisation suisse: de plus en plus sélective

Suisse, 23.05.2024 – Une étude parue fin mai sous l’égide de la Commission fédérale des migrations (CFM) et réalisée par des chercheur∙ses des Universités de Genève, Neuchâtel et Bâle établit qu’obtenir le passeport suisse relève de plus en plus du privilège. Un communiqué de la Confédération précise: «Depuis l’introduction de la nouvelle loi sur la nationalité en 2018, la naturalisation ordinaire est devenue plus sélective: la part des personnes hautement qualifiées et aisées a augmenté de manière significative, et le nombre de personnes peu qualifiées et aux revenus plus faibles a nettement diminué.».

À noter que le degré de sélectivité varie considérablement selon les cantons, qui disposent d’une grande marge de manœuvre en matière de naturalisation. Ainsi, cinq cantons ont fixé des niveaux de langue plus élevés que ceux exigés par la loi fédérale, et près d’un tiers pose des exigences plus élevées concernant le remboursement de l’aide sociale. Des mesures qui impactent bien plus fortement les personnes moins qualifiées et aux revenus plus bas.

Pour répondre à ce constat et permettre une naturalisation plus égalitaire, l‘étude de la CFM propose de passer à un système de naturalisation à un seul niveau (au lieu des trois niveaux communal, cantonal et fédéral), reposant sur une procédure simple, uniforme et transparente pour tous-texs. Elle préconise en outre un droit à la naturalisation pour les personnes nées et ayant grandi en Suisse.

Sources: admin.ch, «Nouvelle étude de la CFM: La naturalisation, un privilège», 23.05.2024 ; CFM, «La naturalisation ordinaire en Suisse. Effets de la nouvelle loi sur la nationalité suisse et pistes pour un système de naturalisation plus inclusif», mai 2024 ; swissinfo.ch, «Pour obtenir la nationalité suisse, mieux vaut être bien formé et venir d’un pays voisin», 23.05.2024 ; swissinfo.ch, «Barbara von Rütte: ʺEn matière de naturalisation, la Suisse est plus sélective depuis 2018ʺ», 20.03.2024.

Voir également: ODAE romand, «La naturalisation des personnes migrantes de troisième génération ne sera pas facilitée», 10.03.2023.

Cas relatifs

Cas individuel — 08/10/2024

Coincé en Suisse sans liberté de mouvement parce que le SEM et le TAF estiment qu’il n’a pas su prouver son identité

Félicien*, originaire du Soudan du Sud, vit en Suisse au bénéfice d’un permis B (Cas de rigueur), obtenu à la suite d’un accident qui l’a rendu paraplégique. Bien qu’enregistré par le SEM comme ressortissant soudanais, Félicien* n’a aucune pièce d’identité ni autre document d’état civil national démontrant son origine: il lui est donc impossible de voyager. Après avoir en vain tenté de se faire établir un passeport soudanais, il demande un passeport pour étrangers auprès des autorités suisses. Le SEM rend une décision négative à sa demande, au motif qu’il est de la responsabilité de Félicien* de démontrer son identité. Saisi par recours, le TAF confirme la décision du SEM, considérant que Félicien* n’a pas démontré que les autorités de son pays d’origine auraient prononcé à son endroit un refus formel, définitif et infondé.