L’OSAR recommande l’audition des enfants dans la procédure d’asile

Suisse, 29.03.2021 – En Suisse, le droit d’être entendu dans la procédure d’asile s’applique aux mineur·es, mais généralement pas au moins de douze ans, ce qui contrevient à la Convention relative aux droits de l’enfant. Celle-ci précise que tou·tes les enfants ont le droit d’être entendus dès qu’ils ou elles sont en mesure d’exprimer leur opinion. Dans une communication de septembre 2020, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a ainsi reproché à la Suisse sa pratique.

L’OSAR a publié une réflexion sur le droit d’être entendu des enfants au cours de la procédure d’asile et propose des recommandations pour respecter les directives internationales en vue d’auditionner davantage les mineur·es. Ces dernières concernent avant tout la garantie pour l’enfant de choisir d’être entendu∙e ou non, l’abaissement de l’âge minimum pour être auditionné∙e et la mise en place de mesures particulières pour réaliser ces auditions. L’enfant devrait pouvoir choisir la manière dont il ou elle veut être auditionné∙e et une personne de confiance devrait l’épauler. L’enfant doit en outre avoir la possibilité d’y participer de manière adaptée à son âge, par exemple à travers le dessin, par écrit ou oralement. Il ou elle ne doit en aucun cas être contraint∙e de répéter ses affirmations plus souvent que nécessaire. Ces recommandations sont soutenues par les organisations comme l’UNICEF, l’Institut international des droits de l’enfant et le Service social international Suisse.

Sources : OSAR, «La Suisse doit davantage auditionner les enfants dans la procédure d’asile», 29.03.2021 ; OSAR, «Le droit d’être entendu des enfants en procédure d’asile. Propositions de l’OSAR», 29.03.2021 ; Conseil de l’Europe, page «Une justice adaptée aux enfants», consultée le 03.04.2021 ; Institut international des droits de l’enfant, «Les droits de l’enfant en situations de migration en Suisse: Protection, Prestations, Participation», 11.2018 ; UNICEF, «« Mon opinion compte! » Nouvelles brochures d’information sur l’audition de l’enfant en Suisse», 14.08.2014 

Cas relatifs

Cas individuel — 16/09/2024

Mineur, il passe plus de 2 mois en détention à l’aéroport sous la menace d’un renvoi

Né en 2006, Hatim* fuit l’Irak en raison de persécutions. Il arrive en Suisse en avril 2024, à l’âge de 17 ans. Il dépose une demande d’asile à l’aéroport de Genève le 22 avril 2024 auprès du Service asile et rapatriement aéroport (SARA). L’entrée en Suisse lui est refusée et il est assigné à la zone de transit de l’aéroport durant le temps de traitement de sa demande d’asile. Celle-ci est rejetée au début du mois de mai. N’ayant pas accès un mandataire, Hatim dépose un recours en nom propre, lequel est également rejeté à la fin du même mois. Durant tout le temps de la procédure, Hatim reste détenu dans la zone de transit de l’aéroport sans droit de sortie ni accès à des services de base (santé, formation, etc.) alors qu’il est mineur. Début juin, sa nouvelle mandataire dépose une plainte auprès du Comité des droits de l’enfant des Nations-Unies, dénonçant la décision de son renvoi vers l’Irak ainsi que sa détention à l’aéroport, dont les conditions de vie violent les art. 3 et art. 31 CDE. Des mesures superprovisionnelles ordonnant la suspension de son renvoi sont finalement prononcées et Hatim* est attribué fin juin au canton de Genève, avec un permis N (procédure d’asile en cours).
Cas individuel — 12/10/2021

Quatre ans d’attente: le calvaire d’une femme lesbienne et de ses enfants

Une femme doit attendre quatre ans pour que le SEM reconnaisse son motif d’asile, alors qu’elle a fourni toutes les preuves des persécutions subies en raison de son homosexualité. Aucune demande de regroupement familial n’a pu être faite durant ce temps: ses enfants se sont trouvés isolés et en danger durant près de cinq ans.
Cas individuel — 19/09/2018

Le SEM met en doute le récit et prononce le renvoi d’un Érythréen de 19 ans

Arrivé comme MNA, « Bereket » est entendu sur ses motifs d’asile deux ans après avoir déposé sa demande. Pour le SEM, ses propos manquent de détails et de consistance. Le SEM qualifie son récit d’invraisemblable, lui refuse l’asile et prononce son renvoi vers l’Erythrée.