Les autorités valaisannes ont violé l’ALCP en révoquant le permis C d’un Français endetté

Dans un arrêt du 15 février 2019 (2C_479/2018), le TF a annulé une décision du canton du Valais de retirer le permis d’établissement (permis C) d’un ressortissant français et de sa famille. Établi en Suisse dès 2004, l’homme avait accumulé des dettes depuis 2014. Pour les autorités cantonales, une telle situation financière justifie la révocation du permis C de l’intéressé et de ses deux enfants nés en Suisse. Le canton a aussi refusé de renouveler le permis de séjour UE/AELE de son épouse et de sa belle-fille. Saisi d’un recours, le TF a rappelé que la Loi sur les étrangers et l’intégration (en l’occurrence l’art. 63 al. 1 LEI) ne s’applique que si l’ALCP n’en dispose pas autrement. Or, selon l’ALCP (art. 5 para. 1 annexe I) et la jurisprudence (p. ex. les arrêts 2C_954/2018, 2C_76/2018 ou 2C_839/2017), une autorisation d’établissement ne peut être retirée qu’en cas de « menace actuelle et réelle d’une certaine gravité pour l’ordre public suisse », ce qui n’est pas le cas en l’espèce. La décision des autorités valaisannes constituant une violation de l’ALCP, elle est annulée. L’ODAE romand a publié plusieurs cas illustrant les difficultés de faire valoir les droits clairement prévus par l’ALCP et la jurisprudence relative à son application.

Sources : arrêt 2C_479/2018 du 15 février 2019

Cas relatifs

Cas individuel — 09/10/2025

À cause d’une garantie de prise en charge, le canton lui demande à tort de rembourser ses subsides

Juliette*, ressortissante européenne, arrive en Suisse en 2020. Son revenu étant insuffisant, le Service cantonal de la population (SPOP) demande à son frère de signer une garantie de prise en charge, avant de délivrer à Juliette* un permis de séjour sans activité lucrative (PSAL). À partir de janvier 2021, Juliette* reçoit des subsides à l’assurance maladie. En novembre 2024, l’Office cantonal de l’assurance maladie rend une décision exigeant de Juliette* le remboursement des subsides, estimant que celle-ci les a perçus à tort puisqu’elle était au bénéfice d’une garantie de prise en charge. Appuyée par une mandataire, Juliette* dépose un recours auprès du Tribunal cantonal invoquant, notamment, l’absence de base légale d’une telle exigence et son infraction au principe de non-discrimination garanti par l’ALCP.
Cas individuel — 01/12/2016

Deux enfants livrés à eux-mêmes ne peuvent rester avec leur père en Suisse

« Blerim » et « Agnija » sont remis par leur mère à leurs grands-parents paternels qui ne peuvent s’en occuper vu leur âge et leur état de santé. Leur père, titulaire d’un permis C, les fait venir en Suisse, mais sa demande de regroupement familial en leur faveur est refusée.
Cas individuel — 25/08/2016

Le SEM nie (encore !) la jurisprudence et opte pour le renvoi d’un enfant européen

« Sofia », ressortissante russe arrivée en Suisse en 2003 pour ses études, demande un permis de séjour sur la base de sa relation avec son fils, de nationalité belge. Ce dernier a un droit de séjour conformément à l’Accord sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’Union européenne, que nie pourtant le Secrétariat d’Etat aux migrations.