Le TAF estime qu’une requérante peut élever son bébé dans un squat en Italie

Une jeune femme érythréenne, enceinte, bénéficiant d’une admission provisoire (« protection subsidiaire ») en Italie dans le cadre d’une procédure d’asile, a quitté ce pays pour se rendre en Suisse, car il ne lui paraissait pas envisageable de donner naissance à son enfant dans un pays où elle était amenée à vivre dans un squat et dépendait de revenus irréguliers de son mari.

En réponse à sa demande d’asile déposée en juin 2011, l’ODM émet un refus d’entrée en matière, invoquant les accords de Dublin, selon lesquels il incombe au premier Etat partie où la personne a été contrôlée de traiter sa demande d’asile. Ces mêmes accords permettent pourtant à tout Etat partie, selon des critères humanitaires notamment, de traiter une demande d’asile qui lui est adressée même si un transfert dans un autre pays « Dublin » aurait été licite.

Rapport de l’OSAR sur l’Italie à l’appui, la requérante saisit le TAF qui, à son tour, dans un arrêt du 12 septembre 2011, confirme la décision de l’ODM, considérant que l’Italie n’est pas la Grèce, et que donc la charge de la preuve des conditions humainement difficiles de la vie là-bas n’est pas renversée. Ce malgré la situation de vulnérabilité due à la grossesse, et sans contester le fait qu’en Italie la requérante devra retourner vivre dans un squat. Or, selon le rapport de l’OSAR, dans de tels squats les coupures de courant sont fréquentes, les bagarres aussi, et les conditions d’hygiène très insuffisantes. Sont-elles des conditions humainement admissibles à la vie d’un nouveau-né ?

Sources : Arrêt du TAF E-4822/2011 du 12 septembre 2011 ; Rapport de l’OSAR et de Juss-Buss, Procédure d’asile et conditions d’accueil en Italie, Berne et Oslo, mai 2011.

Cas relatifs

Cas individuel — 17/12/2025

Régularisation refusée après 9 ans de vie en Suisse, à cause d’un séjour de cinq mois en Autriche

Saif*, ressortissant irakien, demande l’asile en Suisse en 2016. Après un refus, il se rend en Autriche où il sollicite également l’asile. Renvoyé en Suisse en 2017 en vertu du règlement Dublin, il survit à l’aide d’urgence. En 2024, il demande la régularisation de son statut auprès de l’Office cantonal de la population qui refuse, au motif que son lieu de séjour n’était pas connu entre octobre 2016 et mars 2017. En mai 2025, après 9 ans d’aide d’urgence, l’état psychique de Saif* se détériore et il suit un traitement médical. Avec l’aide d’une mandataire, il dépose une nouvelle demande de réexamen sur la base de l’art. 83 al. 4 LEI. Le SEM rejette cette demande, estimant que l’accès aux soins est possible en Irak.
Cas individuel — 13/05/2013

Le TAF confirme le transfert en Italie de « Saba »
malgré les viols qu’elle y a subis

« Saba » dépose une demande d’asile en Suisse en mai 2012 et reçoit une décision de transfert en Italie, où elle a passé les trois dernières années (système Dublin). Recourant contre cette décision, elle invoque les conditions de vie déplorables et les trois viols subis en Italie. Pourtant, le TAF rejette le recours et considère que son renvoi peut être exécuté.