La détention administrative, incompatible avec la santé? Plusieurs situations à Genève soulèvent l’indignation

Genève, 22.07.2025 – Détenu en vue de son renvoi, A., ressortissant turc d’origine kurde, est en mauvaise santé et dans l’incapacité de communiquer. Arrivé en Suisse en 2023, il a reçu une décision de non entrée en matière Dublin et une menace de renvoi vers la Croatie, en vertu des accords du même nom. Selon les associations de soutien, le renvoi envisagé tout comme la détention ne tiennent aucunement compte des problèmes physiques et psychiques de santé de A. 

Toujours à Genève, le 15 juillet, s’est tenue l’audience de Y. devant le TAPI, afin de réclamer sa mise en liberté ou, à défaut, une expertise médicale pour évaluer l’adéquation de son incarcération. Y. est en détention administrative depuis décembre 2024: il ne fait donc l’objet d’aucune accusation pénale, mais s’est vu privé de liberté pour des motifs strictement administratifs dans le cadre d’un renvoi vers le Maroc. Son avocat dénonce un état de santé incompatible avec la détention administrative: divers problèmes au genou et aux mains, des grèves de la faim successives l’ayant affaibli et une détresse psychologique qui s’aggrave. L’avocat reproche aux autorités un bilan de santé sommaire fait par un généraliste, sans qu’aucune évaluation globale n’ait été proposée à Y. malgré ses multiples pathologies. Le 22 juillet, le TAPI a rejeté la requête.

Sources: le Courrier, «A Frambois, une détention sans mots», 17.06.2025 ; le Courrier, «Détenu, malade et sans soins adéquats», 22.06.2025.
Voir également: ODAE romand, «Quand le statut fait la peine: la détention des personnes étrangères en Suisse», Panorama n°6, décembre 2023 ; ODAE romand, «La LSDH dénonce les conditions de détention du centre de Frambois», brève, 22.01.2009 ; ODAE suisse, «Enfermé·e. La détention fondée sur le droit des étrangers en Suisse», juin 2025.

Cas relatifs

Cas individuel — 04/11/2025

Placé une année en détention préventive, il est privé de traitement contre son hépatite C.

Ressortissant géorgien sans statut de séjour, Ivane* est placé une année en détention préventive. Il est diagnostiqué, lors d'une visite médicale, d'une infection à l'hépatite C. Mais en détention préventive, les personnes ne sont pas affiliées à l'assurance maladie - contrairement au régime d'exécution de peines - et Ivane* ne peut donc pas être soigné en raison du coût de traitement.
Cas individuel — 04/11/2025

Il n’est pas soigné pour son hépatite B malgré le risque de cirrhose, parce que son renvoi entrainera une interruption du traitement

John* est atteinte d'une hépatite B avec risque de développement en Cirrhose. Un traitement médical est nécessaire. Cependant, John* étant détenu dans l'attente de son renvoi, le traitement n'est pas instauré en raison des risques que causerait son interruption.
Cas individuel — 04/11/2025

La détention comme seul moyen d’accéder à un traitement du VIH

Âgé de 41 ans, Karim* vit avec le VIH, des dépendances et des troubles psychiatriques. Suite au rejet de sa demande d'asile, il se retrouve à la rue et sans assurance-maladie. Faute d’accès aux soins, il commet des petits délits pour être incarcéré et ainsi accéder à un traitement.
Cas individuel — 05/11/2012

Un réfugié reconnu passe sept mois
en détention administrative

« Beasrat » demande l’asile en Suisse après avoir vécu dans des conditions d’extrême précarité en Italie, malgré la reconnaissance de sa qualité de réfugié. Refusant d’y retourner, il passe sept mois en détention administrative, non sans séquelles sur sa santé psychique.