La CourEDH condamne la Suisse pour sa pratique à l’égard d’une personne homosexuelle 

Suisse, 12.02.2025 – La Cour européenne des droits humains (CourEDH) a rendu son rapport final au sujet d’une condamnation de la Suisse pour sa pratique à l’égard des personnes LGBTIQ+, datant de fin 2024. Dans cette affaire, le SEM et le TAF avaient considéré que l’homosexualité d’un homme originaire d’Iran était avérée, mais que les persécutions invoquées étaient invraisemblables. L’homosexualité du recourant n’étant pas connue en dehors de la communauté LGBTIQ+ en Iran, les autorités suisses avaient ainsi déduit que, s’il continuait à se comporter de manière discrète, il ne subirait pas de persécutions en cas de renvoi en Iran (cf. arrêt du TAF D-5870/2019).

Dans sa décision, la CourEDH a rappelé le contexte iranien homophobe et les risques encourus en cas de renvoi, et tâcle les autorités suisses en ce qu’elles n’auraient pas assez analysé les risques de mauvais traitements auxquels le recourant pourrait être soumis en cas de retour, ce qui constitue une violation de l’art.3 CEDH.

Source: CourEDH, CASE OF M.I. v. SWITZERLAND, 12.02.2025.

Voir également: ODAE romand, “Asile LGBTIQ+: la Suisse à nouveau rappelée à l’ordre”, brève, 21.11.2024; ODAE romand, «Asile LGBTIQ+: la situation des personnes LGBTIQ+ dans le domaine de l’asile», rapport, 15.11.2022.

Cas relatifs

Cas individuel — 17/12/2025

Régularisation refusée après 9 ans de vie en Suisse, à cause d’un séjour de cinq mois en Autriche

Saif*, ressortissant irakien, demande l’asile en Suisse en 2016. Après un refus, il se rend en Autriche où il sollicite également l’asile. Renvoyé en Suisse en 2017 en vertu du règlement Dublin, il survit à l’aide d’urgence. En 2024, il demande la régularisation de son statut auprès de l’Office cantonal de la population qui refuse, au motif que son lieu de séjour n’était pas connu entre octobre 2016 et mars 2017. En mai 2025, après 9 ans d’aide d’urgence, l’état psychique de Saif* se détériore et il suit un traitement médical. Avec l’aide d’une mandataire, il dépose une nouvelle demande de réexamen sur la base de l’art. 83 al. 4 LEI. Le SEM rejette cette demande, estimant que l’accès aux soins est possible en Irak.
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«Mes enfants sont terrorisés. Je ne sais plus quoi faire ni comment arrêter ce calvaire.»

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Cas individuel — 22/12/2022

Débouté à deux reprises malgré des agressions homophobes attestées en Ukraine

Témoignage – Emir* quitte l’Ukraine en 2020 suite à des persécutions liées à son orientation sexuelle. En Suisse, sa demande d’asile est refusée par le SEM et son recours rejeté par le TAF. Il repart en Ukraine, où il subit de nouvelles violences. Revenu en Suisse, sa demande d’asile essuie le même refus des autorités.
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