Interdire de travailler aux jeunes débouté·exs: une perte pour tout le monde

Genève, 13.06.2023 – Le Centre Social Protestant de Genève a publié un communiqué de presse pour dévoiler les résultats d’une étude universitaire, qu’il a mandatée avec l’association Vivre ensemble afin d’évaluer les conséquences économiques de l’interdiction de travail imposée aux jeunes débouté·exs dans le canton de Genève. L’étude, réalisée par l’Institut de recherche appliquée en économie de gestion de l’Université de Genève, se base sur 32 personnes déboutées de l’asile, âgées de 18 à 24 ans, souvent scolarisées et intégrées, qui sont touchées par une interdiction de travail.

Les jeunes débouté·exs, privés de la possibilité de travailler et dans l’attente d’un renvoi souvent inexécutable, touchent alors une aide d’urgence et vivent dans un logement précaire et collectif, pendant une durée indéterminée. Au-delà des coûts directs engendrés par l’aide d’urgence, les jeunes débouté·exs inactif·ves représentent un manque à gagner certain, puisque cette main d’œuvre jeune et formée ne peut pas mettre à profit ses compétences sur le marché du travail, ne gagne aucun salaire et ne dépense pas ses gains dans l’économie genevoise. En somme, à travers les coûts directs et les coûts d’opportunité, interdire à ces jeunes d’intégrer le marché du travail provoque «13 millions de francs sur 10 ans de pertes sèches pour l’économie genevoise». Les associations qui publient cette étude ont l’espoir que les autorités genevoises s’appuient sur ses conclusions pour «mettre en œuvre une politique pragmatique et humaine».

Source :  CSP, «Jeunes débouté·es: le coût économique de l’interdiction de travailler», communiqué de presse, 13.06.2023 ; le Courrier, «Genève. Le prix de l’interdiction de travailler», 13.06.2023.

Voir également : ODAE, «Sortie du rapport «Jeunes et débouté·es à Genève: des vies en suspens»», brève, 25.06.2021.

Cas relatifs

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«Je n’ai pas de permis, je dois donc me battre à deux niveaux: pour ma situation administrative et pour ma santé.» Atteint d’une maladie grave qui affecte le système nerveux, Badri* est venu en Suisse afin d’être soigné car il ne pouvait pas l’être en Géorgie. Il demande l’asile, mais sa requête est rejetée par le SEM qui ordonne son renvoi. Badri perd peu à peu son autonomie, son corps se paralyse. Une opération en 2021 lui redonne une mobilité partielle, mais il a besoin d’un suivi médical pluridisciplinaire régulier. Il demande alors le réexamen de la décision du SEM en démontrant l’absence de soins en Géorgie, mais il reçoit à nouveau une réponse négative. Depuis sept ans, Badri survit donc avec une aide d’urgence de 275 CHF/mois.
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