Genève rouvre des bunkers pour loger les personnes dans l’asile

Genève, décembre 2023 – Fin 2023, un nouvel abri de protection civile à destination des personnes demandant l’asile ouvrira à Thônex. Un second est prévu à Plan-les-Ouates dès mars 2024. Depuis 2015 et la lutte « No bunkers » qui avait agité Genève (voir notre brève), le «logement» sous terre de personnes dans l’asile avait cessé. Aujourd’hui, la donne est un peu différente car il s’agit de Centres fédéraux d’asile (CFA) miniatures.

L’organisation des bunkers dépend du SEM et pas de l’Hospice général. Comme pour les autres CFA, le SEM délègue la tâche de gestion à une entreprise privée (ORS) qui organise tout dans l’abri PC: de la sécurité à l’infirmerie en passant par l’animation. Les personnes placées dans ces abris PC sont très récemment arrivées en Suisse: ils (il ne devrait y avoir que des hommes) y sont logés dans les 140 premiers jours qui suivent le dépôt de leur demande d’asile, avant d’être attribués à un canton. Comment imaginer qu’ils puissent critiquer cet indigne hébergement alors que leur arrivée est si récente?

Les conditions de vie de ces bunkers sont similaires à d’autres CFA, bien que ceux-ci n’ont ni fenêtres, ni cuisines: horaires de sorties restreints de 9h à 19h, fouilles corporelles systématiques à l’entrée par des Securitas, interdiction de certains aliments et objets, etc. Les associations de défense du droit d’asile se sont déjà dites horrifiées d’apprendre la réouverture de ces bunkers.

Sources: le Courrier, «Deux centres d’accueil pour requérants d’asile vont ouvrir à Genève», 28.10.23 ; RTS, «De nouveaux lieux vont ouvrir pour héberger les réfugiés en nombre record», 29.10.2023 ; 20minutes, «Requérants d’asile logés sous terre: un accueil jugé indigne», 29.10.2023 ; Tribune de Genève, «Des abris PC à nouveau réquisitionnés pour loger les requérants», 07.12.2023 ; la Côte, «Asile: un centre fédéral d’accueil d’urgence ouvre ses portes à Genève», 12.01.2024 ; asile.ch, «Des requérant·es d’asile à nouveau logé·es dans des abris PC à Genève», 16.01.2024. 

Voir également: ODAE romand, «Des requérants d’asile se mobilisent pour dénoncer leurs conditions de vie souterraine à Genève», brève, 28.01.2015 ; asile.ch, «humanrights.ch | Abris PC: les «bunkers» sont-ils conformes à la dignité humaine?», 10.11.2015. 

Cas relatifs

Cas individuel — 13/08/2024

Plus de 30 ans en Suisse, à l’AI, âgé de 64 ans : aucune perspective pour un permis B

Albert* dépose des demandes de transformation de son permis F en permis B, mais se les voit refusées, au motif que son intégration ne serait pas réussie. Un jugement qui enlève à Albert, aujourd’hui âgé de 64 ans et reconnu en incapacité totale de travail par l’assurance invalidité, toute possibilité de régularisation future de son statut de séjour en Suisse.
Cas individuel — 13/02/2024

Décès d’un jeune demandeur d’asile: la responsabilité directe des autorités suisses

Cas 459 / 13.02.2024 Alam* arrive en Suisse à 17 ans et demande l’asile après avoir vécu des violences en Grèce où il a reçu protection. Les autorités suisses prononcent une non-entrée en matière et son renvoi, malgré des rapports médicaux attestant de la vulnérabilité d’Alam*. Celui-ci met fin à ses jours à la suite du rejet de son recours par le TAF.
Cas individuel — 25/01/2024

Javier* et Lilian*, expulsé·es suite à un accident de travail sur un chantier

Cas 455 Victime d’un accident de travail, Javier* est reconnu invalide par l’AI. Les autorités ordonnent cependant son renvoi de Suisse ainsi que celui de son épouse. Elles ne lui reconnaissent pas le droit de demeurer en Suisse, considérant qu’il n’avait pas la qualité de travailleur au moment de son accident puisqu’il ne totalisait pas une année de travail en Suisse. La lenteur de la procédure et la décision d’expulsion impacte la santé mentale de Javier* qui souffre déjà d’autres problème de santé. Son épouse Lilian* cumule des emplois de nettoyages peu rémunérés et instables mais les autorités leur refusent un permis de séjour sur cette base, arguant qu’il s’agit d’«activités marginales et accessoires».
Cas individuel — 01/01/2024

Harcelée en Croatie, une famille est menacée d’y être renvoyée

En 2019, Romina* et Khaleel* quittent l’Afghanistan avec leur fille (Emna*), encore mineure et leurs trois fils majeurs. Ils demandent l’asile en Suisse en octobre 2020, après être passé∙es par la Croatie. La famille raconte avoir tenté de passer la frontière entre la Bosnie et la Croatie à plus de 15 reprises, avoir été arrêté∙es par les autorités croates puis maltraité·es, volé·es, déshabillé·es et frappé·es. En février 2020, le SEM rend une décision NEM Dublin. Le mandataire d’Ehsan* et Noura* dépose un recours au TAF contre la décision du SEM. En avril 2021, le SEM annule sa décision de NEM Dublin pour le second fils et sa famille, qui reçoivent une admission provisoire. En juillet 2021, le TAF prononce les arrêts qui rejettent respectivement les recours de Moussa*, de Ehsan* et Noura* et de Romina* et Khaleel*.