Femmes dans le système de l’asile : un rapport met en évidence les difficultés rencontrées dans les centres pour requérants en Suisse

Près d’un tiers des demandeurs d’asile en Suisse sont des femmes. Cette minorité dont on parle peu a des besoins et des vulnérabilités particulières souvent oubliés dans l’organisation de l’accueil. TERRE DES FEMMES Suisse a publié un rapport examinant la situation des femmes dans neuf centres d’hébergement collectif pour demandeurs d’asile, réalisé à travers des interviews avec 42 résidentes entre 21 et 57 ans.

Il en ressort que la réalité de vie des requérantes d’asile ne correspond souvent pas aux accords internationaux ratifiés par la Suisse ni à la Constitution fédérale, l’organisation de l’hébergement et de l’encadrement manquant souvent de considération pour les besoins particuliers des femmes. La tendance est de placer les personnes en quête de protection dans des grands centres collectifs où les hommes et les femmes célibataires, ainsi que les mères et leurs enfants, vivent dans un espace très restreint. Dans ce contexte, les requérantes d’asile font régulièrement état d’actes de harcèlement et de violence. Le sentiment d’insécurité qui en découle conduit les femmes à éviter les espaces communs et à s’isoler dans leurs chambres.

Le rapport met en évidence d’autres difficultés rencontrées par les requérantes d’asile, telles que l’impossibilité pour les femmes avec enfants en bas âge d’accéder à des cours de langue ou à des programmes d’occupation, faute de solutions de garde. Ce problème réduit les possibilités d’intégration pour ces femmes. L’accès aux soins médicaux et psychologiques peut aussi se révéler difficile, ce qui pose problème particulièrement pour des femmes ayant vécu des traumatismes dans leur pays d’origine ou dans leur parcours d’exil.

Source : TERRE DES FEMMES Suisse, Rapport sur la situation des femmes requérantes d’asile dans les logements collectifs, octobre 2013.

Cas relatifs

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«Mes enfants sont terrorisés. Je ne sais plus quoi faire ni comment arrêter ce calvaire.»

Léonie*, ressortissante Burundaise, est victime de persécutions dans son pays. En juin 2022, elle demande l’asile en Suisse avec ses trois enfants. Leur demande est rejetée en 2023 par le SEM puis par le TAF. La famille subit alors un véritable harcèlement policier: alors que Léonie* est hospitalisée en psychiatrie, son fils est arrêté à leur domicile pour être détenu à l’aéroport puis relâché. Sa fille aînée est également arrêtée à deux reprises, emmenée à l’aéroport puis relâchée. Enfin, la fille cadette se retrouve hospitalisée en psychiatrie, dans un état de choc, après que des agents ont essayé de l’arrêter au cabinet de sa psychologue. Malgré ces arrestations à répétition, Léonie* et ses enfants demandent le réexamen de leur décision d’asile, en raison d’éléments nouveaux survenus au Burundi et de l’état de santé de Léonie* qui se dégrade. Le SEM suspend l’exécution du renvoi de cette dernière, mais refuse de réexaminer la demande des enfants, désormais tous trois majeurs.
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Procédure accélérée au CEP : traumatismes psychiques négligés

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