Droit de séjour pour les victimes de traite

Suisse, 17.05.2023 – Dans un arrêt rendu en décembre 2021, le Tribunal fédéral a déclaré qu’en raison de sa situation personnelle, une autorisation de séjour devait être accordée à une victime de traite. Cette décision repose sur l’art. 14 al. 1 let. a de la CTEH, qui laisse une marge de manœuvre importante à l’autorité compétente dans l’évaluation de la situation personnelle et dans l’éventuel octroi d’un permis de séjour en faveur de la victime.

Comme le Tribunal fédéral le souligne dans son arrêt, la personne qui affirme être victime de traite des êtres humains doit toutefois faire preuve d’une coopération accrue (cf. art. 90 LEI) et démontrer son statut de victime par des moyens de preuve appropriés (consid. 7.1.3).

En Suisse, cette reconnaissance d’un droit à un titre de séjour constitue une avancée majeure, puisque le pays ne reconnaît pas la qualité de réfugié aux victimes de traite des êtres humains. Toutefois, il reste très difficile pour les victimes d’en bénéficier, puisqu’elles sont rarement en possession de preuves attestant leur situation.

Source:  ASYL, «Un titre de séjour pour les victimes de traite des êtres humains», 17.05.2023 ; Tribunal fédéral, «Arrêt du 14 décembre 2021» 14.12.2021.

Cas relatifs

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Un jeune homme victime de persécutions est menacé de renvoi dans son pays d’origine malgré les risques encourus, puisque l’homosexualité est pénalement réprimée au Togo. Il lui faudra attendre 9 ans et entreprendre deux recours au TAF pour que le SEM admette provisoirement sa présence en Suisse.
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Obtenir des papiers est impossible, mais ce n’est pas une excuse

Un requérant d’asile doit présenter une carte d’identité ou un passeport lors du dépôt de sa demande, sous peine de la voir frappée de non entrée en matière (NEM). L’Ouganda, explique « William », ne délivre pas de carte d’identité, et les passeports y sont réservés aux privilégiés. Excuse rejetée.