Covid-19 : Le TF exige la libération d’une personne en détention administrative en raison de la crise sanitaire

Le Tribunal fédéral a examiné la légalité de la détention administrative d’une personne somalienne, en Suisse depuis 1997, et dont l’admission provisoire avait été levée en 2009. Placé en détention administrative, dans le canton de Zurich, depuis le 29 novembre 2019, le recourant avait demandé à être libéré le 20 mars 2020, la crise du coronavirus empêchant l’exécution de son renvoi. Sa demande avait été rejetée par le Tribunal des mesures de contrainte du canton de Zurich.

Dans sa décision rendue le 9 juin 2020, le TF estime que les conditions d’exécution du renvoi font défaut. En raison des restrictions de voyage, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus, tous les rapatriements vers la Somalie ont été suspendus pour une durée indéterminée. Le TF ajoute qu’au moment de la décision de l’instance supérieure, l’évolution ultérieure de la pandémie et ses effets sur l’exécution des décisions d’expulsion ne pouvaient être prévus et que l’exécution du renvoi ne pouvait donc avoir lieu dans un délai prévisible. Le TF rappelle que pour que la détention administrative (art. 75 et suivant LEI) puisse être mise en œuvre, il faut que plusieurs conditions soient remplies et notamment que le renvoi soit exécutable, c’est-à-dire possible, licite et raisonnablement exigible.  Dans ce cas, le TF conclut que l’exécution du renvoi est impossible dans un délai raisonnable et ordonne la levée immédiate de la détention, en vertu de l’article 80 al. 6 let. a LEI.  

Source: arrêt du TF  2C_386/2020 du 9 juin 2020

Cas relatifs

Cas individuel — 24/11/2025

300 francs ou la prison: des gardes-frontières mettent sous pression une personne en procédure d’asile 

En août 2025, Hamidou* est contrôlé par des gardes-frontières. Il est accusé d’une infraction liée à son passage irrégulier de la frontière suisse-italienne. Pourtant, cela fait deux ans qu’Hamidou* est en Suisse et détient un permis N. Les policiers lui enjoignent de payer immédiatement 300 francs d’amende, faute de quoi il sera conduit en prison. Hamidou* contacte son assistante sociale qui lui conseille de régler la somme demandée. Hamidou* s’exécute contre la remise d’une quittance. La mandataire d’Hamidou*, indignée, contacte ensuite l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF), qui confirme que ce type de procédure est une pratique habituelle.
Cas individuel — 05/11/2012

Un réfugié reconnu passe sept mois
en détention administrative

« Beasrat » demande l’asile en Suisse après avoir vécu dans des conditions d’extrême précarité en Italie, malgré la reconnaissance de sa qualité de réfugié. Refusant d’y retourner, il passe sept mois en détention administrative, non sans séquelles sur sa santé psychique.
Cas individuel — 24/08/2009

Procédure à l'aéroport: 47 jours de rétention pour une fillette

Après avoir demandé l’asile à l’aéroport, une fillette et sa mère sont retenues durant 47 jours dans la zone de transit. Elles y séjournent dans des conditions inappropriées, surtout pour une enfant. Même le droit à une promenade quotidienne n’est pas respecté.
Cas individuel — 24/08/2009

Renvoyé de force au moment où il allait se marier

Abdoulaye, dont la demande d’asile a été rejetée, vit avec sa compagne suisse avec laquelle il a eu un enfant. Alors que des démarches de reconnaissance de l’enfant et de mariage sont en cours, Abdoulaye est arrêté, mis en détention, et renvoyé par vol spécial en Guinée.