Covid-19 : Des adaptations de la procédure d’asile critiquées

Le 1er avril, le Conseil fédéral a annoncé des adaptations dans le domaine de l’asile pour la durée de la pandémie de coronavirus. Malgré les nombreuses demandes du milieu associatif, le Conseil fédéral entend ainsi poursuivre les procédures d’asile ou de renvoi. Selon les mesures adoptées, les auditions de requérant·e·s d’asile pourront être conduites, même si le ou la représentant·e juridique ne peut pas y assister. En contrepartie, le délai de recours contre une décision d’asile du SEM dans une procédure accélérée est prolongé de 7 à 30 jours. Autre mesure, les délais de départ pour les requérant·es d’asile débouté·e·s ont également été prolongés.

Le communiqué a suscité de vives critiques de la part des organisations du domaine de l’asile. Dans un communiqué, l’OSAR a rappelé que la présence du·de la représentant·e juridique aux auditions devait être garantie dans tous les cas. Selon Amnesty international Suisse et le CSP de Genève, l’absence de représentation juridique constitue une restriction disproportionnée à une procédure équitable et au droit d’être entendu. Les deux organisations soulignent aussi que de nombreuses procédures impliquent des déplacements de personnes à travers toute la Suisse pour préparer et mener des auditions, ce qui est contraire aux recommandations sanitaires et va à l’encontre des efforts de confinement fournis par la population. En outre, les procédures mobilisent différent·e·s médecins pour établir des certificats médicaux, ce qui constitue une charge supplémentaire pour le système de santé. Le CSP Genève rappelle enfin que les mesures proposées par le Conseil fédéral concernent uniquement les procédures accélérées dans les centres fédéraux d’asile, mais que d’autres étapes de la procédure sont maintenues. Celles-ci génèrent aussi des déplacements et mobilisent des ressources médicales.

Sources : Conseil fédéral, « Coronavirus : les règles des procédures d’asile sont temporairement modifiées », communiqué, 01.04.2020 ; CSP Genève, « Mesures annoncées par le Conseil fédéral sur l’asile : de la poudre aux yeux ! », communiqué, 02.04.2020 ; Amnesty International Suisse, « Suspendre les procédures d’asile et prévenir la pandémie dans les centres d’asile », communiqué, 02.04.2020 ; OSAR, « Covid-19 : Adaptation des procédures d’asile : la protection juridique doit être garantie en tout temps », communiqué, 01.04.2020.

Cas relatifs

Cas individuel — 10/04/2025

Des violences conjugales reconnues par un Centre LAVI sont jugées trop peu intenses par les tribunaux

Eja*, originaire d’Afrique de l’est, rencontre Reto*, ressortissant suisse, en 2019. Leur mariage est célébré en avril 2021 et Eja* reçoit une autorisation de séjour. L’année qui suit est marquée par des disputes et des violences au sein du couple, et une première séparation de courte durée. En février 2023, Eja* consulte le Centre LAVI du canton, qui la reconnait victime d’infraction. En juillet, Eja* dépose une plainte pénale contre son époux pour harcèlement moral, rabaissements et injures, discrimination raciale et contraintes. En novembre 2023, Eja* dépose une deuxième plainte. Son médecin confirme des symptômes de stress émotionnel élevé. En février 2024, le SPoMi révoque l’autorisation de séjour d’Eja* et prononce son renvoi de Suisse, au motif que la durée effective de la communauté conjugale n’a pas dépassé trois ans. En août 2024, le Tribunal cantonal rejette le recours déposé par Eja*, au motif que l’intensité des violences psychologiques n’atteint pas le seuil exigé par la jurisprudence. Le Tribunal conclut à l’absence de raison personnelle majeure permettant de justifier le maintien de l’autorisation de séjour d’Eja*. Le Tribunal fédéral, dans son arrêt du 14 novembre 2024, confirme la décision du SPoMi et rejette le recours d’Eja*.
Cas individuel — 20/03/2015

L’ODM dissimule des informations au Tribunal pour confirmer sa décision de renvoi

Après avoir fui l’Azerbaïdjan en raison de leur origine arménienne, la jeune « Samira », gravement handicapée, sa mère et sa sœur se voient refuser l’asile et sont sommées de repartir. Le TAF, constatant que l’ODM lui a dissimulé des informations sur la disponibilité des soins, annule le renvoi et leur délivre une admission provisoire.
Cas individuel — 02/12/2013

Traumatisé, il attend depuis cinq ans une réponse à sa demande d’asile

Persécuté dans son pays, l’Irak, « Malik » demande l’asile en Suisse en 2008. Après avoir été entendu sur ses motifs d’asile et avoir transmis un certificat attestant de ses traumatismes, « Malik » reste près de trois ans sans nouvelles de l’ODM. Après cinq années de procédure et la menace d’un recours pour déni de justice, il est convoqué à une audition complémentaire.