Argovie: l’accueil des requérant·es bradé au plus offrant

Suisse, 15.09.2025 – En Argovie, la société privée ORS, chargée de la gestion des centres d’hébergement cantonaux, perd son mandat au profit de l’entreprise Convalere, qui a proposé des tarifs plus bas. Une telle décision illustre une tendance inquiétante : confier l’accueil de personnes en exil à l’entreprise la moins chère, au détriment de la qualité de l’accompagnement et de la dignité des requérant·es. A noter qu’ORS, qui fait partie d’un consortium privé multinational qui gère notamment des prisons en Australie, est en Suisse chargée d’organiser les Centres fédéraux d’asile (CFA). 

Source: Zofinger tagblatt, «Preiskampf der Asylbetreuer: Künftig betreibt eine neue Firma die grossen Unterkünfte im Aargau», 15.09.2025.

Voir également: ODAE romand «A Neuchâtel, associations et syndicats dénoncent les violences du système de l’asile», brève, 30.06.2025 ; asile.ch «Privatisation de l’asile | ORS. Des profits pour une mission sociale et publique?», 03.02.2021 ; le Temps, «A Neuchâtel, des organisations dénoncent les conditions de vie au centre de Boudry», 21.06.2025 ; asile.ch «Buisness (juteux) de l’asile, ORS passe en mains britanniques», 27.11.2022 ; Tribune de Genève «L’encadrement des migrants par une société cotée en Bourse pose problème à Neuchâtel» 27.06.2025 ; ODAE romand, «Suite aux violences dans les Centres d’asile, le parlement prétend serrer la vis», brève, 20.09.2024.

Cas relatifs

Cas individuel — 18/12/2025

Renvoyé en Croatie malgré une tentative de suicide, il revient et est mis en détention en vue d’un nouveau renvoi

Allan*, ressortissant kurde de Turquie, a fui des persécutions subies en raison de ses activités politiques. Arrivé en Suisse, il demande l’asile mais est frappé d’une décision de non entrée en matière par le SEM qui prononce son renvoi vers la Croatie. En décembre 2023, au petit matin, plusieurs policiers font irruption dans son foyer pour procéder à son renvoi. Terrorisé, Allan* se jette par la fenêtre. Il survit à sa tentative de suicide, mais son renvoi est tout de même exécuté, en novembre 2024, malgré une condition psychique extrêmement fragile. Dans l’impossibilité d’accéder à des soins adéquats en Croatie, il revient en Suisse pour y redéposer une demande d’asile. Il est alors arrêté et renvoyé vers la Croatie.
Cas individuel — 17/12/2025

Régularisation refusée après 9 ans de vie en Suisse, à cause d’un séjour de cinq mois en Autriche

Saif*, ressortissant irakien, demande l’asile en Suisse en 2016. Après un refus, il se rend en Autriche où il sollicite également l’asile. Renvoyé en Suisse en 2017 en vertu du règlement Dublin, il survit à l’aide d’urgence. En 2024, il demande la régularisation de son statut auprès de l’Office cantonal de la population qui refuse, au motif que son lieu de séjour n’était pas connu entre octobre 2016 et mars 2017. En mai 2025, après 9 ans d’aide d’urgence, l’état psychique de Saif* se détériore et il suit un traitement médical. Avec l’aide d’une mandataire, il dépose une nouvelle demande de réexamen sur la base de l’art. 83 al. 4 LEI. Le SEM rejette cette demande, estimant que l’accès aux soins est possible en Irak.
Cas individuel — 17/12/2025

Abus de pouvoir au poste de police Carl Vogt lors d'une détention administrative avant un renvoi

«Je continue mes études, passe mes examens, mais je ne sais pas ce qui va se passer ensuite. C’est épuisant!»
Cas individuel — 17/12/2025

Venues dénoncer des violences domestiques graves, elles sont traitées par la police comme des prévenues

Karen*, sa fille Claudia*, et la fille de cette dernière, ressortissantes péruviennes, vivent en Suisse sans titre de séjour valable. Depuis 2023, Claudia*, se trouve dans une relation de violences conjugales avec un homme titulaire d’un permis d’établissement (permis C). En janvier 2025, Karen* dépose une plainte pénale contre ce dernier. Bien que son avocate l’accompagne au poste de police, Karen* y est très mal reçue, les policiers l’informant qu’elle-même et sa fille Claudia* seraient convoquées par le Ministère public en raison de leur séjour illégal. En août, l’avocate dépose une demande de régularisation pour la famille, ainsi que des mesures d’éloignement et une interdiction de contact de l’ex-compagnon envers Karen*, Claudia* et sa fille. À ce jour, aucune des procédures n’a abouti à une décision.