Renvoi d’un mineur non accompagné : le SEM rappelé à l’ordre

Dans un arrêt du 16 décembre 2015, le TAF admet un recours contre une décision du SEM ordonnant le renvoi d’un mineur non-accompagné (MNA) vers son pays d’origine. Selon le Tribunal, le Secrétariat n’a pas pris les mesures nécessaires afin de s’assurer qu’il serait pris en charge à son retour. Le Tribunal rappelle quelle doit être la pratique en la matière.

Dans la décision incriminée, le SEM a jugé que le renvoi du mineur était raisonnablement exigible parce que des membres de sa famille résidant dans son pays pourraient le soutenir, et qu’il existait une association de protection de l’enfance susceptible de le prendre en charge. Or, selon la jurisprudence du Tribunal, l’autorité doit « vérifier concrètement, …] que le demandeur d’asile mineur débouté et non accompagné pourra, après son retour, être pris en charge de manière adéquate […] ». Ces conditions spécifiques concernant les MNA sont ancrées dans la loi ([art. 69 al. 4 LEtr), et pour le Tribunal la seule mention de l’existence d’une association ou la présence dans le pays de membres de la famille ne suffisent pas. Le SEM aurait dû prendre des contacts tangibles afin de s’assurer qu’une prise en charge était possible dans ce cas précis et non dans l’absolu. La cause est renvoyée au SEM pour complément d’instruction et nouvelle décision. Espérons que d’ici là, le jeune homme concerné par le renvoi n’aura pas atteint la majorité.

Source : Arrêt du TAF D-7799/2015 du 16 décembre 2015

Cas relatifs

Cas individuel — 24/07/2025

Reconnue invalide, elle reçoit une révocation d’autorisation de séjour et un refus de regroupement familial

Ximena* arrive en Suisse en septembre 2019. Elle trouve un emploi à 100%, et obtient, sur cette base, un permis B UE/AELE. Peu de temps après, elle dépose une demande de regroupement familial en faveur de son mari et de ses fils, âgés respectivement de 12 et 5 ans. En mars 2020, par suite d’un AVC, elle se retrouve en incapacité totale de travail. Malgré la reconnaissance de son invalidité par l’AI qui lui octroie une rente, les autorités migratoires lui refusent le droit de demeurer au motif que Ximena n’avait pas résidé en Suisse au moins deux ans avant la survenance de son invalidité. Son permis est ainsi révoqué et la demande de regroupement familial déposée en faveur de ses enfants des années plus tôt est refusée (l’époux est entre-temps retourné en Espagne suite à leur divorce). Tous les trois doivent quitter la Suisse.
Cas individuel — 23/04/2013

L'ODM renonce au transfert en France d'une adolescente victime de prostitution

« Ayala », ressortissante d’un pays d’Afrique de l’Ouest âgée de 15 ans, est victime d’un réseau de prostitution à son arrivée en France en 2010. Parvenant à s’enfuir, elle dépose une demande d’asile en Suisse. L’ODM, qui rend une première décision de NEM, décide finalement de renoncer au transfert et entame une procédure nationale.
Cas individuel — 04/05/2012

Renvoi Dublin imminent d’une famille
qui risque des mauvais traitements

En 1998, « Arjun » et « Revathi » fuient des persécutions au Sri Lanka et parviennent à s’établir en Grèce. Durant plusieurs années, ils y subissent des humiliations et attaques racistes répétées. Lors d’une de ces agressions, « Arjun » perd un doigt. La famille dépose alors une demande d’asile en Suisse. L’ODM puis le TAF ordonnent leur renvoi en Grèce, où ils risquent d’autres mauvais traitements, voire un retour forcé au Sri Lanka.