Transfert de responsabilité en chaîne entre « Etats Dublin »

Lors d’une conférence de presse, le Collectif R a dénoncé la situation de A., dont la demande d’asile n’a toujours pas été traitée sur le fond, 29 mois après son dépôt. Cet Erythréen de 34 ans, a demandé l’asile en Suisse en mai 2015. Le SEM n’est pas entré en matière et a prononcé son renvoi vers l’Italie, en application des accords de Dublin. A. a alors déposé une autre demande aux Pays-Bas, qui s’est soldée par le même résultat. Il est donc revenu en Suisse et a attendu dans la clandestinité l’expiration du délai de transfert de 18 mois. L’échéance passée, il a demandé la réouverture de son dossier. Or, le SEM a considéré cette demande comme une nouvelle demande d’asile, ce qui lui a permis d’appliquer la « Chain rule » prévue dans le règlement Dublin II. Cette disposition permet à un État membre de se calquer sur le délai de transfert prononcé par un autre État membre, les Pays-Bas en l’occurrence, ce qui a pour conséquence de faire repartir à zéro le délai de transfert. Le TAF, qui a été saisi de ce cas, a reconnu que le SEM aurait dû considérer cette requête comme un réexamen, mais n’est pas revenu sur la décision de renvoi. À l’expiration du délai prévu par les Pays-Bas, A. a une nouvelle fois demandé au SEM d’entrer en matière, ce qui a été refusé. Le nouveau recours déposé au TAF a été écarté, la cause ayant déjà été jugée. Pis encore, le délai de transfert de 18 mois a été relancé comme s’il s’agissait d’une nouvelle demande, contredisant l’arrêt précédemment rendu. A. est désormais en détention administrative à Frambois dans l’attente de l’exécution de son renvoi vers l’Italie.

Sources : Communiqué de presse du Collectif R, 24 Heures, Le Collectif R dénonce un renvoi anormal, 11 octobre 2017, Le Courrier, Du Kafka à la sauce Dublin, 11 octobre 2017 et Le Courrier, Pas de clémence pour A., 19 octobre 2017

Cas relatifs

Cas individuel — 17/12/2025

Régularisation refusée après 9 ans de vie en Suisse, à cause d’un séjour de cinq mois en Autriche

Saif*, ressortissant irakien, demande l’asile en Suisse en 2016. Après un refus, il se rend en Autriche où il sollicite également l’asile. Renvoyé en Suisse en 2017 en vertu du règlement Dublin, il survit à l’aide d’urgence. En 2024, il demande la régularisation de son statut auprès de l’Office cantonal de la population qui refuse, au motif que son lieu de séjour n’était pas connu entre octobre 2016 et mars 2017. En mai 2025, après 9 ans d’aide d’urgence, l’état psychique de Saif* se détériore et il suit un traitement médical. Avec l’aide d’une mandataire, il dépose une nouvelle demande de réexamen sur la base de l’art. 83 al. 4 LEI. Le SEM rejette cette demande, estimant que l’accès aux soins est possible en Irak.
Cas individuel — 13/05/2013

Le TAF confirme le transfert en Italie de « Saba »
malgré les viols qu’elle y a subis

« Saba » dépose une demande d’asile en Suisse en mai 2012 et reçoit une décision de transfert en Italie, où elle a passé les trois dernières années (système Dublin). Recourant contre cette décision, elle invoque les conditions de vie déplorables et les trois viols subis en Italie. Pourtant, le TAF rejette le recours et considère que son renvoi peut être exécuté.