Le TAF suspend les renvois Dublin vers la Hongrie

Dans un arrêt de référence (D-7853/2015 du 31 mai 2017), le TAF a annulé une décision de renvoi d’un requérant d’asile vers la Hongrie. Il ordonne au SEM de mener une instruction complémentaire sur la situation des requérants et sur la procédure d’asile en Hongrie. Selon le Règlement Dublin (art. 3 par. 2), les renvois ne peuvent pas être exécutés vers les Etats où il existe « […] des défaillances systémiques dans la procédure d’asile et les conditions d’accueil des demandeurs, qui entraînent un risque de traitement inhumain ou dégradant […] ». Le Tribunal relève les nombreuses incertitudes sur le sort des requérants en Hongrie depuis l’entrée en vigueur de nouvelles dispositions légales dans le domaine de l’asile, mais renonce à se prononcer sur l’existence de défaillances systémiques. Le SEM devra se pencher à nouveau sur chaque cas. Le requérant reste donc dans l’attente de savoir quel pays traitera sa demande d’asile, déposée en Suisse il y a deux ans. De leur côté, l’OSAR et le HCR ont appelé à suspendre les renvois Dublin vers ce pays, soulignant en particulier le recours accru à la détention de requérants d’asile.

Sources  : arrêts du TAF D-7853/2015 du 31.05.2017 et E-797/2016 du 16.06.2017 ; Le HCR appelle à suspendre les renvois de demandeurs d’asile vers la Hongrie, selon le règlement Dublin de l’UE, communiqué du 10.04.2017 ; L’OSAR exige de renoncer aux renvois vers la Hongrie, communiqué du 08.03.2017.

Cas relatifs

Cas individuel — 13/02/2024

Décès d’un jeune demandeur d’asile: la responsabilité directe des autorités suisses

Cas 459 / 13.02.2024 Alam* arrive en Suisse à 17 ans et demande l’asile après avoir vécu des violences en Grèce où il a reçu protection. Les autorités suisses prononcent une non-entrée en matière et son renvoi, malgré des rapports médicaux attestant de la vulnérabilité d’Alam*. Celui-ci met fin à ses jours à la suite du rejet de son recours par le TAF.
Cas individuel — 24/08/2009

Malgré toutes les preuves de persécution il n’obtient pas l’asile

Menacé de mort par des groupes armés, « Salim », ancien interprète en Irak pour l'armée américaine, fuit son pays pour gagner la Suède, puis la Suisse. Conformément à la logique des Accords de Dublin, la Suisse refuse d’entrer en matière sur sa demande d’asile, malgré les documents qui attestent des dangers encourus, et ordonne son renvoi vers la Suède.
Cas individuel — 20/10/2008

Europe de Dublin : une pente glissante même pour les « vrais » réfugiés

Menacé par des milices islamistes parce qu’il collabore avec l’armée américaine en Irak en tant que traducteur, « Bachir » gagne la Suisse après avoir parcouru l’Europe en quête d’asile. Sans nier ses dires mais en appliquant la logique des accords de Dublin, la Suisse le renvoie vers la Suède, qui veut le renvoyer vers la Grèce, où il risque un renvoi vers l’Irak.