Le TAF empêche le renvoi d’une famille en Géorgie sur la base de l’intérêt supérieur de l’enfant

Le TAF a récemment admis le recours d’une famille géorgienne déboutée de l’asile. Il a estimé que leur renvoi serait incompatible avec l’art. 3  de la Convention relative aux droits de l’enfant qui consacre le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant. Les parents sont arrivés en Suisse en 2009 avec leur fils (un deuxième enfant y est né), pour y demander l’asile. Les autorités ne sont pas entrées en matière et ont prononcé leur renvoi vers la Pologne en vertu du Règlement Dublin. En 2014, à l’échéance du délai de transfert vers ce pays, la procédure d’asile a été ouverte en Suisse. Estimant que leurs motifs manquaient de vraisemblance, le SEM a rejeté leur demande la même année et a prononcé leur renvoi vers la Géorgie. Saisi d’un recours, le TAF a confirmé l’appréciation du SEM quant au rejet de la qualité de réfugié. En revanche, il a accordé une importance prioritaire à la situation du fils ainé, conformément à l’art. 3 CDE. Les juges ont retenu qu’il avait passé la majorité de son existence en Suisse, qu’il arrivait à l’âge délicat de l’adolescence et qu’un renvoi pourrait compromettre sa formation professionnelle. L’avis du médecin qui qualifiait son intégration d’admirable et estimait qu’un renvoi serait dramatique, a également été pris en compte. Au final, le renvoi de cette famille étant considéré comme inexigible, une admission provisoire leur sera délivrée.

 

Sources : Arrêt du TAF E-6485/2014 du 8.12.2017 ; sur la question des droits de l’enfant, lire également notre 8e rapport d’observation

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Alors que la Suède avait reconnu sa minorité, la Suisse change sa date de naissance et prononce son renvoi

Adil*, originaire d’Afghanistan, demande l’asile en Suède en 2000. La Suède examine son âge et reconnait sa minorité, cependant elle rejette sa demande d’asile. Adil* se rend alors en Suisse, et réitère sa demande de protection. Mais le SEM lui attribue une nouvelle date de naissance, qui le rend majeur, et prononce son renvoi vers la Suède au nom du règlement Dublin III. Adil* dépose un recours auprès du TAF contre cette décision, mais celui-ci est rejetée. Adil* et son mandataire déposent alors un nouveau recours, auprès du Comité des droits de l’enfant (CDE). En mai 2024, celui-ci rend sa décision : il estime que la Suisse a violé l’intérêt supérieur d’Adil* (art. 3 de la Convention) et son droit d’être entendu (art. 12) en le déclarant majeur. Il reproche à la Suisse d’avoir ignoré l’expertise de détermination de l’âge réalisée en Suède et de n’avoir pas procédé à une évaluation complète de son développement physique et psychologique.
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À sa sortie de l’hôpital, elle est renvoyée avec ses enfants par vol spécial en Croatie

Fiona* a subi des exactions de la part des autorités croates. Sa situation de vulnérabilité n’est pas prise en compte par le SEM et elle y est renvoyée sous la contrainte avec ses enfants.
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Renvoi Dublin imminent d’une famille
qui risque des mauvais traitements

En 1998, « Arjun » et « Revathi » fuient des persécutions au Sri Lanka et parviennent à s’établir en Grèce. Durant plusieurs années, ils y subissent des humiliations et attaques racistes répétées. Lors d’une de ces agressions, « Arjun » perd un doigt. La famille dépose alors une demande d’asile en Suisse. L’ODM puis le TAF ordonnent leur renvoi en Grèce, où ils risquent d’autres mauvais traitements, voire un retour forcé au Sri Lanka.