Sécurité et exploitation dans les Centres fédéraux de l’asile: une révision de la loi insuffisante

Genève, 03.05.2023 – Le Conseil fédéral a lancé une consultation au sujet d’une proposition de révision de la loi sur l’asile (LAsi) au mois de janvier 2023, afin de doter d’un cadre légal les pratiques exercées au sein des Centres fédéraux d’asile (CFA). Dans un contexte tendu lié à la dénonciation de plusieurs cas de violences ayant eu lieu dans des CFA envers les requérant·exs d’asile, la révision vise à combler des lacunes dans la loi.

Toutefois, les Centres sociaux protestants (CSP) considèrent dans leur prise de position que cette proposition de modification est encore largement insuffisante. Les besoins des personnes en demande d’asile, du point de vue de la protection, de l’encadrement, ainsi que de la santé physique et psychique, ont été omis. Bien que des éléments nécessaires aient été pris en compte, les personnes sont injustement considérées sous l’angle d’un danger, justifiant l’emploi de contraintes et mesures contraignantes. «Les CSP sont convaincus que seule une véritable prise en compte des effets de déshumanisation, de précarisation et de vulnérabilisation des personnes, produits par l’isolement des centres et leur aspect semi-carcéral, permettra d’instaurer un climat de sécurité et un cadre sûr permettant aux personnes d’exposer leurs récits et leurs motifs d’asile.»

Sources: CSP, «Sécurité et exploitation dans les Centres fédéraux d’asile : une révision de la loi insuffisante», communiqué de presse, 03.05.2023 ;  CSP, «Réponse des Centres sociaux protestants (CSP.ch) à la consultation relative à l’avant-projet de modification de la loi sur l’asile : sécurité et exploitation dans les centres de la Confédération», 03.05.2023.

Voir également: le Courrier, «Négligences dans l’asile», 24.04.2023 ; admin.ch, «Modification de la loi sur l’asile (sécurité et exploitation dans les centres de la Confédération)», rapport explicatif, 01.2023 ; admin.ch, «Loi sur l’asile (LAsi) (sécurité et exploitation dans les centres de la Confédération)», projet de loi ; admin.ch, «Tableau comparatif».

Cas relatifs

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Des violences conjugales reconnues par un Centre LAVI sont jugées trop peu intenses par les tribunaux

Eja*, originaire d’Afrique de l’est, rencontre Reto*, ressortissant suisse, en 2019. Leur mariage est célébré en avril 2021 et Eja* reçoit une autorisation de séjour. L’année qui suit est marquée par des disputes et des violences au sein du couple, et une première séparation de courte durée. En février 2023, Eja* consulte le Centre LAVI du canton, qui la reconnait victime d’infraction. En juillet, Eja* dépose une plainte pénale contre son époux pour harcèlement moral, rabaissements et injures, discrimination raciale et contraintes. En novembre 2023, Eja* dépose une deuxième plainte. Son médecin confirme des symptômes de stress émotionnel élevé. En février 2024, le SPoMi révoque l’autorisation de séjour d’Eja* et prononce son renvoi de Suisse, au motif que la durée effective de la communauté conjugale n’a pas dépassé trois ans. En août 2024, le Tribunal cantonal rejette le recours déposé par Eja*, au motif que l’intensité des violences psychologiques n’atteint pas le seuil exigé par la jurisprudence. Le Tribunal conclut à l’absence de raison personnelle majeure permettant de justifier le maintien de l’autorisation de séjour d’Eja*. Le Tribunal fédéral, dans son arrêt du 14 novembre 2024, confirme la décision du SPoMi et rejette le recours d’Eja*.
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Franck* a fui son pays natal en raison de son orientation sexuelle. Arrivé en Suisse, il est frappé d’une décision de renvoi Dublin vers l’Italie et entre dans la clandestinité. Au cours de sa procédure d’asile, comme dans la clandestinité, Franck* est confronté à des conditions de vie difficiles.
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« Beasrat » demande l’asile en Suisse après avoir vécu dans des conditions d’extrême précarité en Italie, malgré la reconnaissance de sa qualité de réfugié. Refusant d’y retourner, il passe sept mois en détention administrative, non sans séquelles sur sa santé psychique.