Répression et renvois en Libye: 700 soudanais·es renvoyé·es

Libye, 18.07.2025 – Les autorités de l’est de la Libye ont annoncé avoir renvoyé par voie terrestre 700 ressortisant·es soudanais·es vers leurs pays d’origine. Cette opération de déportation a été annoncée ce samedi par la Direction de la lutte contre la migration illégale. Une telle mesure constitue une violation manifeste des droits des migrant·es et les expose non seulement au conflit qui ravage le Soudan depuis 2023, mais aussi à de sérieux dangers pour leur intégrité physique.

Parallèlement, les autorités du Gouvernement d’union nationale en place dans l’ouest du pays (Tripoli), poursuivent les interceptions de migrant·es en mer et leur retour forcé en Libye. Début juillet, 113 personnes auraient ainsi été victimes de ces «refoulements», alors que les personnes en migration continuent d’être confrontées à des violences systématiques dans le pays. Dans un rapport publié en juin 2025 à l’occasion de la Journée internationale de soutien aux victimes de la torture, Médecins Sans Frontières a dénoncé «l’ampleur, le caractère systématique et la brutalité des tortures, abus et pratiques violentes subis par des milliers de migrant·es» sur la route de la Méditerranée centrale.

Sources: AP News, «Libya deports 700 Sudanese migrants in crackdown on trafficking», 19.07.2025 ; migreurop, «Press review July 2025», 31.07.2025 ; MSF, «Torture along the Mediterranean migration route, and the support of survivors in a fragile system» 2025 ; lemonde.fr, «Libye: 113 migrants interceptés et trois morts découverts en trois jours», 08.07.2025.

Voir également: Le Monde, «En Libye, les migrants abandonnés à leur sort», 03.09.2025 ; Amnesty International, «Libye. De nouveaux éléments prouvent que les personnes réfugiées ou migrantes sont prises au piège dans un terrifiant cycle de violences», 24.09.2020 ; ONU Info «Libye : le pays embourbé dans les divisions et la violence, selon l’ONU», 19.02.2025.

Cas relatifs

Cas individuel — 22/12/2025

Tout juste majeur, le SEM révoque son permis et ordonne son renvoi en Grèce

Dawood* dépose une demande d’asile en Suisse en novembre 2023, à l’âge de 17 ans. Le SEM reconnait sa vulnérabilité et lui octroie une admission provisoire. En février 2025, le SEM révoque son statut, au motif qu’il ne serait plus vulnérable puisqu’il est majeur. Dawood* recourt auprès du TAF, expliquant être très intégré à Genève, où il est notamment scolarisé, et qu’il risque, en cas de renvoi en Grèce, de se retrouver dans un état de dénuement complet sans aucune perspective. Dans sa réplique, le SEM maintient sa position, au motif que le principe de l’admission provisoire est de pouvoir être levée à tout moment. En octobre, le TAF rend finalement son arrêt, par lequel il confirme la levée du permis F de Dawood*.
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Ils vivaient à la rue en Italie, cette réfugiée et son fils pourront rester en Suisse

Après avoir obtenu le statut de réfugiée en Italie, « Feven » s’est rapidement retrouvée à la rue. Enceinte, elle choisit de venir en Suisse en quête de meilleures conditions de vie pour elle et son enfant. Réfugiée reconnue en Italie, cette jeune mère est, à deux reprises, renvoyée vers ce pays et s’y retrouve à la rue avec son fils en bas âge. Plusieurs procédures juridiques plus tard, « Feven » et « Sebhat » reçoivent finalement une autorisation de séjour en décembre 2017.
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Atteinte d’un grave cancer, elle doit partir sans garantie d’accès aux soins

« Olga » est une ressortissante ukrainienne atteinte d’un grave cancer. L’ODM refuse de lui octroyer un permis de séjour pour cas de rigueur, au motif que les soins sont disponibles en Ukraine. Les autorités ne prennent ainsi nullement en considération la problématique de l’accès à ces prestations dans un pays gravement affecté par la corruption.
Cas individuel — 14/07/2014

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Gabriel*, Marisol*, Diana* la fille de Marisol*, et Jessica* leur fille commune, déposent une demande d’asile en Suisse en 2002. Après un premier refus, leur procédure est réouverte. En 2009, le couple se sépare mais reste marié et en contact régulier. L’autorité parentale sur Jessica* est attribuée à Marisol*, mais Gabriel* est très impliqué dans la vie de sa fille avec un droit de visite élargi. Suite à un nouveau rejet de leur demande d’asile, le couple saisit le TAF. Ce dernier considère alors que comme Marisol* et Gabriel* sont séparés, leur demande doit être examinée distinctement. Il octroie une admission provisoire à Marisol* et Jessica* au motif de l’intégration de cette dernière en Suisse, mais confirme le renvoi de Gabriel*. Le coupe fait appel à la CourEDH, qui casse cette décision. Elle décrète que le renvoi de Gabriel* violerait le droit fondamental à la vie privée et familiale tel que protégé par l’art. 8 CEDH