Plus de 200 nouvelles victimes de traite des êtres humains en Suisse en 2024

Suisse, 30.07.2025 – En 2024, 201 personnes ont été identifiées comme victimes de traite des êtres humains. Un chiffre légèrement la hausse en comparaison des années précédentes. Parmi elles, trois-quart (73%) sont des femmes, et 10,4 % se trouvaient dans une procédure d’asile.

Rappelant le lien entre exploitation et statut migratoire précaire, les organisations de la Plateforme de défense des victimes de traite des êtres humains pointent le fait que priver les victimes d’une autorisation de séjour, les empêche d’accéder à une protection adéquate et fait obstacle à d’éventuelles procédures pénales contre les auteurs. Elles demandent à la Confédération de faire usage de la clause de souveraineté prévue par le règlement Dublin et renonce aux renvois des personnes vulnérables. La Palteforme critique aussi vivement le nouveau pacte européen sur l’asile qui fragilisera et exposera encore d’avantage les victimes.

Sources: Plateforme suisse contre la traite des êtres humains, Communiqué de presse du 30 juillet 2025 pour la Journée internationale contre la traite des êtres humains ; Plateforme suisse contre la traite des êtres humains : « Adaptations de la Suisse au pacte européen d’asile : détérioration pour les victimes de la traite des êtres humains », prise de position du 12 novembre 2024 ; Plateforme suisse contre la traite des êtres humains, Communiqué de presse du 20 juin 2024 suite aux recommandations du GRETA à la Suisse.

Voir également : ODAE romand, « Pacte européen anti-asile: la Suisse fait un pas de plus vers la fermeture de l’accueil« , brève, 20.06.2025 ; ODAE romand, « Lutte contre la traite des êtres humains: l’Europe demande à la Suisse d’agir« , brève, 20.06.2024.

Cas relatifs

Cas individuel — 14/04/2025

«Mes enfants sont terrorisés. Je ne sais plus quoi faire ni comment arrêter ce calvaire.»

Léonie*, ressortissante Burundaise, est victime de persécutions dans son pays. En juin 2022, elle demande l’asile en Suisse avec ses trois enfants. Leur demande est rejetée en 2023 par le SEM puis par le TAF. La famille subit alors un véritable harcèlement policier: alors que Léonie* est hospitalisée en psychiatrie, son fils est arrêté à leur domicile pour être détenu à l’aéroport puis relâché. Sa fille aînée est également arrêtée à deux reprises, emmenée à l’aéroport puis relâchée. Enfin, la fille cadette se retrouve hospitalisée en psychiatrie, dans un état de choc, après que des agents ont essayé de l’arrêter au cabinet de sa psychologue. Malgré ces arrestations à répétition, Léonie* et ses enfants demandent le réexamen de leur décision d’asile, en raison d’éléments nouveaux survenus au Burundi et de l’état de santé de Léonie* qui se dégrade. Le SEM suspend l’exécution du renvoi de cette dernière, mais refuse de réexaminer la demande des enfants, désormais tous trois majeurs.
Cas individuel — 13/02/2024

Décès d’un jeune demandeur d’asile: la responsabilité directe des autorités suisses

Cas 459 / 13.02.2024 Alam* arrive en Suisse à 17 ans et demande l’asile après avoir vécu des violences en Grèce où il a reçu protection. Les autorités suisses prononcent une non-entrée en matière et son renvoi, malgré des rapports médicaux attestant de la vulnérabilité d’Alam*. Celui-ci met fin à ses jours à la suite du rejet de son recours par le TAF.
Cas individuel — 01/01/2024

Harcelée en Croatie, une famille est menacée d’y être renvoyée

En 2019, Romina* et Khaleel* quittent l’Afghanistan avec leur fille (Emna*), encore mineure et leurs trois fils majeurs. Ils demandent l’asile en Suisse en octobre 2020, après être passé∙es par la Croatie. La famille raconte avoir tenté de passer la frontière entre la Bosnie et la Croatie à plus de 15 reprises, avoir été arrêté∙es par les autorités croates puis maltraité·es, volé·es, déshabillé·es et frappé·es. En février 2020, le SEM rend une décision NEM Dublin. Le mandataire d’Ehsan* et Noura* dépose un recours au TAF contre la décision du SEM. En avril 2021, le SEM annule sa décision de NEM Dublin pour le second fils et sa famille, qui reçoivent une admission provisoire. En juillet 2021, le TAF prononce les arrêts qui rejettent respectivement les recours de Moussa*, de Ehsan* et Noura* et de Romina* et Khaleel*.
Cas individuel — 22/12/2022

Débouté à deux reprises malgré des agressions homophobes attestées en Ukraine

Témoignage – Emir* quitte l’Ukraine en 2020 suite à des persécutions liées à son orientation sexuelle. En Suisse, sa demande d’asile est refusée par le SEM et son recours rejeté par le TAF. Il repart en Ukraine, où il subit de nouvelles violences. Revenu en Suisse, sa demande d’asile essuie le même refus des autorités.